Abdelhakim Dekhar, identifié par les analyses ADN comme le tireur de Libération et de la Défense et placé en garde à vue mercredi soir, est issu de l’ultra-gauche française des années 90.
Le tireur de Libération et de La Défense serait Abdelhakim Dekhar, condamné en 1994 pour avoir fourni un fusil à pompe à Florence Rey et Audry Maupin.
Abdelhakim Dekhar, identifié par les analyses ADN comme le tireur de Libération et de La Défense, a été placé en garde à vue mercredi soir.
Après plusieurs jours de traque, il a été retrouvé semi-inconscient, sans doute suite à la prise de médicaments, dans une voiture garée dans un parking souterrain près de Paris. Localisé grâce au témoignage d’un homme qui l’hébergeait “de temps en temps” et qui a contacté la police, il a pu être interpellé et évacué par le Samu.
> Un protagoniste de l’affaire Florence Rey
Abdelhakim Dekhar est un personnage complexe, mystérieux, figure de l’ultra-gauche française des années 90. Avec ses cheveux courts et ses lunettes à la Malcom X, sous le pseudonyme de Toumi, c’était un habitué des squats fréquentés par la gauche radicale, souvent sous étroite surveillance policière.
Soupçonné d’être “le troisième homme” de l’affaire Florence Rey-Audry Maupin, une fusillade au cours de laquelle cinq personnes, trois policiers, un chauffeur de taxi et Maupin, ont été tuées en 1994, il avait été blanchi de l’accusation d’attaque à main arméemais condamné à quatre ans de prison pour “association de malfaiteurs“.
> Il a prétendu être un espion algérien
C’est lui qui avait acheté dans un grand magasin parisien, sous son nom et avec sa pièce d’identité, le fusil à pompe qui avait servi à Florence Rey et Audry Maupin pour attaquer la pré-fourrière de Pantin. Pour ses attaques de vendredi et de lundi dernier, il a également utilisé un fusil à pompe, dont le modèle a été retiré de la vente en 1995.
Lors du procès au cours duquel Florence Rey a été condamnée à 20 ans de réclusion (elle a été libérée en 2009 après 15 ans de “détention exemplaire”), Abdelhakim Dekhar avait vainement tenté de persuader la cour qu’il était en fait un espion, un agent en mission de la Sûreté militaire algérienne, chargé d’infiltrer les milieux autonomes pour en débusquer d’éventuels intégristes.
> Il avait disparu depuis 1998
Des témoins cités à l’audience l’ont décrit comme un chaperon, un mentor pour le couple Maupin-Rey, et l’ont accusé d’avoir mis à profit leur jeunesse et leur exaltation pour les manipuler.
Un de ses avocats de l’époque, Me Raphaël Constant, se souvient qu’il “disait avoir été piloté par son oncle, responsable des services secrets algériens”. “Il prétendait avoir reçu pour mission d’infiltrer l’ultra-gauche qui aurait eu des accointances avec les islamistes et le GIA algérien”, ajoute-t-il.
Sa peine correspondant exactement au temps passé en détention préventive, il avait été libéré immédiatement après le procès, en octobre 1998, alors qu’il était âgé de 33 ans. Il avait alors disparu, ses avocats n’avaient plus jamais entendu parler de lui. Selon les premiers éléments de l’enquête il serait alors parti vivre à l’étranger, peut-être en Algérie.
> Un homme énigmatique, étrange
“C’est un homme énigmatique, étrange”, a confié mercredi soir à l’AFP sa deuxième avocate, Me Emmanuelle Hauser-Phélizon. “Je n’ai jamais très bien su qui il était. Il disait qu’il était agent des services français ou algériens. Il était très secret, ne se révélait pas.” Citée par BFMTV, Emmanuelle Hauser-Phélizon révèle qu’il vivait actuellement en Angleterre, et il serait revenu récemment en France.
Selon Manuel Valls, Abdelhakim Dekhar était “probablement parti à l’étranger” depuis plusieurs années et n’était pas dans les fichiers de police. “Il va falloir connaître le parcours de cet individu” pour ensuite “connaître toutes (ses) motivations”, a-t-il expliqué. Selon BFMTV, une longue lettre délirante évoquant la situation politique dans le monde arabe aurait été retrouvée à ses côtés par les enquêteurs.
Avec AFP