Samedi 3 septembre, aux environs de 14 heures, un véhicule ministériel V8 de couleur blanche, roulait à vive allure sur la route de Koulouba. A 15 heures, c’est le Premier ministre qui empruntait la même voie. Une cinquantaine de minutes après, ce fut le tour du cortège présidentiel. Et à 16 heures, Bamako la rumeur faisait croire que quelque chose se passait. Les grandes oreilles apprirent ainsi qu’un réaménagement du Gouvernement venait d’être effectué. Tiéman Hubert Coulibaly, Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, est renvoyé du Gouvernement. Abdoulaye Idrissa Maïga, Ministre de l’Administration Territoriale, prend sa place. Mohamed Ag Erlaf, Ministre de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat hérite des attributions de ce dernier.
La nouvelle du limogeage de Tiéman Hubert Coulibaly du Gouvernement Modibo Kéïta n’a apparemment surpris personne à Bamako. Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, précédent Ministre des Affaires Etrangères et même Ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, l’homme a été régulièrement au-devant de la scène. Mais, ce sont les récents ratés dans le secteur de la Défense et de Sécurité qui semblent avoir eu raison de lui.
Il n’y a pas longtemps, le poste militaire de Nampala avait été attaqué par des hommes armés. Le bilan de dix-sept (17) morts endeuilla tout un peuple. Ces derniers temps, à Ténenkou, Ouo (cercle de Bandiagara), Boni, les attaques se multiplièrent. A chaque moment, les défaillances relevées ça et là, sont distillées dans la presse. Des vols d’armes ont été enregistrés à Bamako. Les hommes de rangs, les soldats, se plaignent de la retenue de leurs primes parfois. Tous les corps confondus réclament la bonification de leurs frais de missions à l’instar des autres agents de l’Etat. Sans oublier que le nom du Ministre avait été cité par un animateur de radio, Mohamed Youssouf Bathily, dans des histoires de marchés de matériels informatiques, la sulfureuse affaire de l’ASAM, etc. Pas de démenti.
Selon toute vraisemblance, la goutte d’eau qui déversa la vase, est probablement venue de l’attaque de Boni. Vendredi dernier, au petit soir, c’est tout le peuple malien qui fut humilié. Une localité entière, du centre du pays, était tombée entre les mains des jihadistes. Contrairement aux discours tenus par Tiéman Hubert Coulibaly, parfois hautains, méprisants, dédaigneux, il se trouverait que les hommes sur le terrain manquaient toujours de matériels de guerre adéquats.
Dès lors, l’on devinerait l’état d’âme du Président de la République, Chef Suprême des Armées, M. Ibrahim Boubacar Kéïta, en apprenant la honteuse prise de Boni.
C’est pourquoi Tiéman Hubert Coulibaly a été aperçu le lendemain, samedi, aux environs de 14 heures, entrain de monter à Koulouba, à bord d’un V8 de couleur blanche. Quelques instants après, le Premier ministre s’y rendit. Et ce fut après le tour du cortège présidentiel.
Bamako la rumeur estima que quelque chose se passait. Effectivement, des minutes suffirent pour que la nouvelle du renvoi de Tiéman Hubert Coulibaly du gouvernement se répande. Dans la soirée, un communiqué laconique annonça l’abrogation de son décret de nomination. Leader d’un vieux mais petit parti politique UDD, Tiéman Hubert Coulibaly laisse sa place à Abdoulaye Idrissa Maïga, baron du parti présidentiel (RPM) et jusque-là Ministre de l’Administration Territoriale. Les attributs de ce dernier sont partis dans les mains de Mohamed Ag Erlaf, Ministre de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat.
Faut-il rappeler que Tiéman Hubert Coulibaly avait succédé à ce poste en janvier 2015 au Colonel-Major Bah N’Daw. Celui-ci avait, on le sait, jeté l’éponge en catimini pour des raisons non encore élucidées. Ainsi va le département de la Défense.
B.KONE