Les dissidents du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ont tenu, le samedi dernier, leur atelier de réflexion sur les TDR du dialogue politique inclusif. Occasion pour le ministre Tièbilé DRAME de justifier sa nouvelle position politique : celle de travailler avec un régime auquel il était opposé pendant plus de 5 ans. En outre il a fait de cette rencontre, sa tribune de one man show, pour répondre à des détracteurs, tout en appelant le camp de Soumaila CISSE à la raison.
Dans la salle de rencontre de la Maison des Ainés de Bamako, le Front pour la sauvegarde de la démocratie signataire de l’accord politique (FSD-SAP) a tenu sa journée de réflexion sur les TDR du dialogue politique inclusif. La rencontre était présidée par Djibril TALL, président du FSD-SAP qui avait à ses côtés Tièbilé DRAME, Oumar Hamadoun DICKO.
Au cours la cérémonie d’ouverture présidée par le président Djibril TALL, Tièbilé DRAME s’est exprimé pendant de longues minutes sur la situation politique et surtout sur la nouvelle posture d’opposant dans le gouvernement. Ainsi, il est revenu sur sa nouvelle position, celle de travailler avec le régime qu’il combattait quelques mois plus tôt. Jugée incohérente par plus d’un, pour M. DRAME, elle s’inscrit dans le cadre d’une logique : aider le pays à résoudre les problèmes.
En abandonnant son candidat Soumaila CISSE, après la signature de l’accord politique de gouvernance, il a affirmé avoir saisi la main tendue du président de la république. Pour se défendre, Tièbilé DRAME précise que le dialogue national tout comme l’accord politique sont des propositions du Front pour la sauvegarde de la démocratie dans sa globalité.
« L’idée d’un dialogue national pour baliser le chemin de la sortie de la crise est venue du FSD. L’idée d’un accord politique est venue du FSD. C’est le FSD qui a fourni les éléments d’un accord politique dès le 20 avril. La paternité du dialogue politique revient au FSD », a-t-il soutenu.
Mieux que ça, a-t-il rappelé, au lendemain de l’élection présidentielle, 19 candidats ont publié un document demandant des réformes politiques et institutionnelles pour le confort de la démocratie, en disant que ces réformes doivent se faire dans un cadre de participation de tous les acteurs politiques.
« Il reste qu’avec l’accord politique de gouvernance, nous nous acheminons vers ce que nous recherchions, ce que nous voulions. Au moment où nous acheminons vers ce que nous avons demandé, exigé, souhaité, il est normal que nous nous retrouvions pour préparer cela », invite ainsi M. DRAME les militants à soutenir le dialogue politique inclusif.
En outre, a-t-il ajouté, il a décidé de travailler avec le pouvoir au regard de l’état du pays, mais aussi des demandes qui ont été faites lesquelles ont été prises en compte dans l’accord politique de gouvernance.
« Nous sommes de l’opposition qui au regard des circonstances historiques dans lesquelles le pays se trouve a décidé de travailler avec la majorité, avec le président de la république, avec le Premier ministre pour aider à résoudre les problèmes du pays », a-t-il déclaré. Malgré cela, Tièbilé DRAME confirme qu’ils sont et resterons de l’opposition.
« Personne ne peut dire qu’il est plus opposant que nous », rétorque-t-il à des membres de son ancienne famille du FDS qui n’a pas signé l’accord politique de gouvernance.
Par ailleurs, en plaidant en faveur du dialogue politique, il a rassuré que le processus c’est du concret. Ce n’est pas de la tromperie et c’est pourquoi ils ont décidé de ne pas bouder le dialogue. Au contraire, ils vont prendre une part très active aux préparatifs de cette rencontre, a indiqué l’ancien directeur de campagne de Soumaila CISSE.
Puis, il a signalé que le gouvernement est en train de tout faire afin qu’il y ait du consensus autour du dialogue. Mais, à l’entendre, certains ne sont pas de cette dynamique. En tout cas, pense-t-il, « les conditions sont réunies pour que les Maliens fassent un diagnostic de la crise, des réformes institutionnelles… ».
« Depuis la conférence nationale de 1991, le pays n’a pu eu un tel moment de se pencher ensemble sur les crises de notre pays, de faire des diagnostics, de proposer des solutions », a souligné le ministre DRAME, avant de lancer un appel à tous les acteurs socio-politiques de ne pas bouder ce dialogue politique et inclusif. « Faisons en sorte que dialogue soit un grand moment d’un nouveau départ pour le Mali », a-t-il exhorté.
Également, il s’est permis de s’adresser au clan de Soumaila CISSE : « je dis clairement à nos camarades qui n’ont pas signé l’accord politique de gouvernance qu’il ne faut pas qu’ils commettent l’erreur de rater le rendez-vous du dialogue national ».
Par ailleurs, il a rappelé aussi les deux raisons fondamentales pour lesquelles, au sein du FSD, ils avaient dit non en 2017 à la révision constitutionnelle. Ces raisons étaient le manque de consensus et la violation de l’article 118 de la constitution. Il estime en ce moment que le dialogue politique en vue va régler ce problème. Quant à l’autre raison, des efforts importants sont en cours pour que l’Etat et ses symboles soient présents sur l’ensemble du territoire national.
Ainsi, très bientôt les premiers éléments de l’armée nationale reconstituée composée des FAMa et des membres des groupes signataires de l’accord d’Alger termineront leur formation. Ces unités de l’armée reconstituée vont être déployées sur le terrain à partir du 22 Septembre prochain. Elles seront dans toutes les régions du pays, y compris Kidal. Aussi, a fait savoir M. DRAME, tous les services sociaux sont déjà présents à Kidal. Avec ces actions, l’argument de la violation de la constitution ne tiendra plus.
Par Sikou BAH
Source : INFO-MATIN