Le comportement vestimentaire des jeunes filles frise la dépravation de nos mœurs. Souffrez, ce phénomène ne perd pas de sa superbe.
L’habillement des jeunes filles devient plus en plus problématique. À force de singer leurs Occidentales, les jeunes filles en oublient leurs propres valeurs. Elles y vont jusqu’à ignorer la différence entre tenue de soirée et autres. Un tour en ville suffit pour s’en rendre compte.
Les jeunes filles de Bamako expliquent diversement ce qui pourrait être à l’origine de cette déviance comportementale. Fatoumata Diallo croit savoir qu’«on porte les habits sexy parce que c’est ce que les hommes aiment. Si tu ne t’habilles pas comme ça, on te prend pour quelqu’un qui n’est pas évolué. Donc on ne te considère même pas».
Oumou Diawara prend le contrepied de Fanta Diallo : «Je pense que nous, les jeunes filles, nous devons éviter de porter certains habits en ville surtout en pleine journée. On se croit branchées alors qu’on s’écarte de plus en plus de nos valeurs sociétales». Elle détient sa recette pour y mettre fin : «Je crois il faut essayer de mener une sensibilisation à l’endroit des jeunes filles. Car, concède-t-elle, pour être respecté, il faut que tu te respectes d’abord».
Aminata Sissoko estime que l’habillement d’une personne dépend d’elle-même. «Si l’intéressé aime s’habiller en tenue sexy, je ne vois pas de problème. Chacun de nous est libre de faire sa vie. Ce n’est pas une question d’éducation comme les gens le disent, mais plutôt un choix», tranche-t-elle curieusement. Quand Moussa Maïga, un jeune garçon, se demande : «Je ne sais pas ce qui pousse les jeunes filles à porter des habits courts et transparents. On peut s’habiller décemment tout en restant splendide. Comme chacun a son goût, moi principalement, j’aime une femme qui s’habille correctement.»
Pour sa part, Alassane Diarra, un chef de famille, pense que «les parents ont failli un peu à leurs responsabilités, car l’éducation d’un enfant commence depuis le bas âge». Et de se questionner : «Comment peut-on comprendre que dans un pays à majorité musulman, une minorité de filles s’habillent correctement, ce n’est vraiment pas normal». M. Diarra n’est pas le seul à indexer les parents.
Hamadoun Haïdara, un chef de famille, est de son avis : «ce problème est dû au manque de responsabilité de nous les parents, parce que nous les parents, on ne joue plus notre rôle. Par affection, on laisse les enfants faire tout ce qu’ils veulent. Si on veut que les choses changent, il faut que chacun se mette à sa place», conseille-t-il.
«Une tenue vestimentaire dans la vision africaine, c’est juste pour permettre à l’homme de se protéger contre la nature et de pouvoir s’habiller conformément aux vœux de la société», analyse Dr. Lamine Sandy Haïdara, enseignant-chercheur à l’institut national de formation des travailleurs sociaux, et sociologue de formation.
Selon Dr. Haïdara, l’habillement de nos jeunes filles traduit leur ignorance. «Lorsqu’on s’habille à moitié nu, en exposant ses parties intimes, on ne s’habille pas. C’est ce qui fait que nos jeunes filles n’ont pas compris le message. Les tenues que les Occidentaux portent pour se coucher, c’est ce que nos sœurs portent pour se promener. Même en Europe, il y a des normes à respecter…», précise-t-il. Et donc, l’éventualité d’une sanction.
«Quand on blesse la sensibilité sociale, on est mené à être sanctionné. Si on ne sensibilise pas nos jeunes filles, elles vont déborder. Les gens vont se promener nus comme on le fait au niveau des plages allemandes. Une société doit avoir des normes pour pouvoir tendre à protéger les femmes. Elles doivent vraiment porter des tenues pudiques pour qu’elles ne puissent pas blesser les sensibilités».
Dr. Lamine Sandy Haïdara prône la sensibilisation des jeunes et leurs parents. Mais précise : «on ne doit pas les forcer à porter des tenues qui sont différentes de notre âge. On va les sensibiliser pour leur faire comprendre qu’il y va de leur intérêt de s’habiller correctement parce qu’un homme qui te voit nue, n’éprouve aucune curiosité à se marier avec toi. Donc, il faut sensibiliser, envoyer des messages forts. Il faut que les autorités aussi mettent les moyens financiers et humains et que la police aussi joue son rôle sur le plan moral. Quand on voit une jeune fille s’habiller indécemment, on l’interpelle parce qu’elle blesse la morale. L’Etat doit jouer son rôle et la famille aussi, c’est la famille qui doit incarner les valeurs.»
Dr. Lamine Sandy Haïdara interpelle enfin nos sœurs : «Nos sœurs doivent se ressaisir et faire la part des choses. Le corps de la femme est ce qu’il est de plus sacré. Il mérite d’être préservé dans la dignité».
Assan TRAORE/stagiaire
Par Le Reporter