Ericsson met en danger le quotidien d’une centaine de personnes. En effet, ces Maliens sont en train de subir les affres d’un groupe capitaliste qui a fini de sucer leur sang avant de les jeter dans la rue.
En cette période de crise, c’est l’État malien qui est interpellé tout comme l’Europe de la Suède qui se dit amie du Mali. L’Italien directeur d’Erickson Mali, tel un cow-boy, tire sur tout Malien de la structure, même si lui-même passera très bientôt son poste à Abdou Kane, le Djambar du Sénégal.
À la date du 31 décembre, 97 personnes ont été transférées d’Orange Mali à Ericsson dans le cadre du projet ANO (AMEA NETWORK OPTIMIZATION). Ce projet est une politique du groupe d’Orange qui consiste à sous-traiter toute la partie technique des différentes filiales du groupe Orange à travers le monde. Orange Mali, dépendant du Groupe Sonatel, qui a refusé le projet, a été choisie comme pays pilote dans le cadre de ce projet.
Sur les 97 personnes transférées, 93 étaient issues des cabinets de recrutement RMO et CEI. Ces 93 employés avaient des contrats qui prenaient fin au plus tôt en mars 2016, sinon en 31 août 2016. Ces cabinets ont notifié aux 93 employés la fin de leur mission chez Orange à la date du 31 décembre 2015, et leur mise à disposition au profit d’Ericsson pour une durée de 3 mois. Ericsson avait alors commenté ces trois mois comme une période de test ou période d’évaluation afin d’offrir des contrats Ericsson à certains des 93 employés. Ce qui ne fut pas le cas à la date du 31 mars 2016. Conduisant à un arrêt de travail par tout le personnel intérimaire.
Cet arrêt fut notifié par mail aux responsables Ericsson qui entamèrent aussitôt des négociations pour la reprise des travaux afin d’assurer la maintenance et l’exploitation du réseau. Si la qualité du réseau Orange Mali était dégradée de Kayes à Mopti, il n’y avait même pas de réseau dans les régions du nord (Tombouctou, Gao) entre le 1er et le 02 avril 2016 contraignant l’arrêt de toutes activités utilisant le réseau Orange durant cette période (Banques, services publics, Minusma…). Il a fallu des pressions énormes de gros clients d’Orange Mali au nord (la Minusma et les forces internationales) pour que Ericsson engage des négociations. Ces négociations débutèrent à l’interne pour une solution rapide de sortie de crise. Au cours des négociations, des propositions ont été faites par le directeur général d’Ericsson Mali pour une reprise des activités.
Des démarches ont été effectuées afin d’annuler leur arrêt de travail, sans succès !
Par ailleurs, en décembre 2015, une équipe de Roumains est arrivée au Mali afin de s’imprégner de l’exploitation du réseau pour 3 mois. Après 3 mois de formation et de collaboration active, ils sont répartis pour prendre la main sur les activités du réseau depuis la Roumanie dans l’optique de supprimer 2 services locaux au profil des Roumains, tandis que l’optimisation et la qualité réseau sont gérées depuis l’Inde. La délocalisation de ces services a entraîné une dégradation de la qualité de services du réseau Orange Mali, que tous les clients de l’opérateur ont pu constater.
En janvier 2017, des prolongations de contrat d’une durée de 3 mois ont été proposées à tous les intérimaires à part les 2 sus-cités qui furent acceptées par tous à l’exception d’un seul intérimaire. Pour la seconde fois, un contrat de 3 mois fut proposé aux employés. Ces prolongations ont été contestées par les intérimaires mais motivées par les managers comme étant la nouvelle politique du groupe Ericsson. D’après le boss des régions sub-sahariennes d’Ericsson : «Aucun intérimaire n’aura un contrat de plus de 3 mois, mais le travail de personne n’est menacé. Au pire des cas, ceux dont les activités seront transférées chez les sous-traitants pourront être transférés chez ces sous-traitants». Ce qui, selon nos sources, serait normalement interdite.
Qui est Ericsson ?
En zone de forte turbulence depuis quelques années, Ericsson ne cesse d’enregistrer des pertes. Si l’équipementier ne cesse de supprimer des emplois, c’est au Mali que ce groupe compte bien se débarrasser du maximum de personnel. Ericsson, une entreprise incompétente, qui ne parvient pas à faire face à ses concurrents que sont HUAWEI et le nouveau NOKIA (Nokia vient juste d’acheter Alcatel), ne fait qu’échouer sur des projets similaires comme au Niger, au Burkina…
Dans la droite ligne de leur politique de suppressions d’emplois, le 14 mars 2017, 8 personnes furent notifiées par leur cabinet du non renouvellement de leur contrat après le 31 mars 2017. Après avoir posé maintes questions sur la motivation de ces renvois récurrents, ils prétextent des raisons économiques, pourtant des expatriés sont tout le temps recrutés comme consultants dont le salaire d’un seul atteint en moyenne le salaire de 5 locaux. Des consultants qui n’apportent aucune amélioration à la qualité de service d’Orange Mali, si ce n’est la désolation des clients, la suppression des dizaines d’emplois des Maliens.
Ericsson vient de rassembler la région subsaharienne et le Moyen-Orient. Quand il y a un poste pour 2 ou 3 personnes, qui font les mêmes activités, les deux personnes supplémentaires sont renvoyées. Mieux, tous les postes créés en Roumanie seront automatiquement supprimés. Tous les postes délocalisés chez un autre prestataire seront éliminés au Mali. Le groupe Ericsson se porte mal partout.
Actuellement, plus de 90 personnes sont menacées de rupture de contrat. Toutes ces personnes qui travaillaient à Orange se retrouveront ainsi sur le marché des concurrents d’Orange. À Ericsson, il y a une dizaine de nationalités mondiales, amis le coup de balai ne concerne que les Maliens. Personne ne se soucie de cette situation, au risque de donner des idées à d’autres sociétés téléphoniques et minières pour tenter la même chose.
Sinaly KEITA