Au Tchad, l’opposition a décidé de maintenir son meeting ce matin et sa marche prévue demain à Ndjamena malgré l’interdiction des autorités. Alors que l’investiture du président Idriss Déby Itno, réélu en avril dernier pour un cinquième mandat doit avoir lieu lundi, l’opposition elle, cherche à faire entendre sa voix.

L’objectif des opposants est de dénoncer l’illégalité d’une élection qu’elle qualifie de « mascarade ». Vendredi 5 août, le ministre de l’Intérieur a décidé d’interdire par décret les rassemblements prévus par le Fonac (Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement), mais les opposants ne l’entendent pas de cette oreille et comptent faire entendre leur voix.

Ce lundi 8 août doit avoir lieu la cérémonie d’investiture du président Idriss Déby. Une dizaine de chefs d’Etat ainsi que le ministre français de la Défense sont invités et rien ne doit gâcher la fête. L’opposition qui conteste cette élection saisit l’occasion pour organiser un meeting et une marche ce week-end malgré l’interdiction formelle du ministre de l’Intérieur. Depuis hier, policiers et gendarmes sont déployés dans la ville. « Ce 8 août sera un jour de deuil et Ndjamena doit être une ville morte » lance Saleh Kebzabo, ex-candidat à la présidentielle d’avril dernier.

Un jour test pour la nouvelle coalition

Ce dernier est actuellement le coordonnateur du Fonac qui regroupait 23 partis d’oppositions et 6 candidats à la présidentielle, mais qui en 10 jours d’existence a déjà connu 3 défections. « Nous avons voulu aller trop vite », soupire un autre opposant « et nous n’avons pas pris le temps de nous mettre d’accord sur les modalités ».

Saleh Kebzabo, lui, se veut rassurant. « Nous souhaitons bon vent à ceux qui se sont trompés, mais ils sont peu nombreux et ça n’empêche pas le Fonac de se construire sur des frondaisons solides », ajoute-t-il. Si certains s’interrogent sur l’opportunité d’une opération ville morte lors d’un jour férié et alors que de grands moyens seront déployés pour l’investiture, la journée de lundi sera sans doute un test pour la nouvelle coalition.

Une plainte contre Déby déposée

En outre, Saleh Kebzabo et trois autres figures de l’opposition tchadienne ont déposé jeudi 4 août une plainte contre le président Déby pour « haute trahison ». Violations des droits de l’homme, disparitions forcées, détournements, les opposants détaillent les crimes dont ils accusent Idriss Déby Itno dans un document de 6 pages adressé à la présidente de la Haute Cour de Justice du Tchad. « Dans un pays où toutes les institutions sont tenues par le Président, c’est déjà une prouesse d’avoir pu déposer cette requête », souligne Saleh Kebzabo qui admet ne pas en attendre de suites.

Source: rfi