Le verdict est tombé ce mardi 27 août pour plus de 200 membres d’une colonne rebelle stoppée par une intervention de l’aviation française, alors qu’ils faisaient route vers la capitale Ndjamena, début février. Le ministre de la Justice a annoncé la décision de la cour : le chef des rebelles, en exil, écope de la perpétuité, les commandants et les soldats de peines allant de 20 ans à 10 ans de prison, et plusieurs mineurs ont été relaxés.
La plus lourde peine prononcée condamne le chef des rebelles, Timan Erdimi. Dirigeant de l’Union des forces de la résistance (UFR), c’est ce neveu du président Idriss Déby qui, depuis la Libye, avait lancé une colonne armée en direction de Ndjamena. Lui écope de la prison à perpétuité par contumace.
Parmi les 267 rebelles arrêtés après l’échec de l’attaque, 12 ont été condamnés à 20 ans de prison, 231 autres à des peines allant de 10 à 15 ans de prison. 24 mineurs, capturés avec les autres, ont été simplement relaxés par la Cour criminelle spéciale siégeant depuis une semaine à Koro Toro, une prison installée dans le désert au nord du pays.
Les condamnés ont tous été capturés après l’arrêt soudain de leur colonne de pick-up qui se dirigeaient vers la capitale. Ils ont été stoppés par trois frappes distinctes des Mirages 2000 de l’aviation française, effectuées à la demande du Tchad.
Youssouf Hamid, représentant du mouvement rebelle tchadien UFR, conteste ce verdict et ne reconnaît pas le nombre de« 267 prisonniers de l’UFR ». « L’UFR a une centaine de prisonniers qui ont été faits à notre avis par les Français parce que ce sont les Français qui nous ont bombardés et assiégés. Et ils ont fait appel aux troupes de M. Idriss Déby pour venir nous chercher. »
Youssouf Hamid voit l’ingérence française voulue par Idriss Déby comme une entrave au processus de dialogue souhaité par l’opposition. « Sans l’ingérence française, on aurait pu entre Tchadiens trouver aujourd’hui une solution parce que l’objectif de l’UFR est de trouver un terrain d’entente avec toute l’opposition de ce pays », affirme-t-il.
Ces frappes avaient à l’époque provoqué une levée de boucliers des oppositions tchadienne comme française, au nom du refus de « l’ingérence ». Un argument rejeté par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui avait justifié la légalité de l’intervention contre une « menace de coup d’État ».
RFI