Je vous envois ainsi ma dix-neuvième lettre pour vous informer sur ce qui se passe ici en bas. Je m’efforce à le faire malgré les grandes difficultés car la latitude qui nous sépare est plus distante que les 2000 km de route et leurs mauvais états qui relient Kayes à Kidal.
Cher grand-père, cela fait longue date que vous n’avez pas reçu de mes nouvelles, ni celles du pays. C’est dû à l’état des routes de Kayes-Bamako, Ségou-Mopti, Mopti-Gao et Gao-Kidal, pardon ce dernier n’existe pas.
Imaginez, cher grand-père, si ma lettre doit parcourir toutes ces routes impraticables parsemées tantôt de nids-de-poules, de mines, de milices bandits ou de djihadistes. Elle vous atteindra difficilement. Sans oublier cette jeunesse qui se mêle de la danse et bloque nos routes. On dirait qu’elle ne sait pas que nous sommes en guerre et que toutes nos richesses ont disparu dans l’armée, pardon, ont été investies dans l’armée entre hélicoptères cloués, surfacturation et autres devant nos incorruptibles magistrats. Ha ! Oui grand-père, les obstacles sont nombreux mais l’espoir y est, le dialogue politique exclusif, pardon inclusif.
Durant son parcours grand-père, entre Kayes et Kidal, par voie terrestre bien sûr malgré les difficultés, ma lettre tombe dans plusieurs problèmes. Problème de santé dû à l’état de nos hôpitaux, absence de matériel, un personnel insuffisant en qualité et quantité, on parle aussi d’insuffisance de budget.
On passe, grand-père, l’éducation, une année aux couleurs “cafés“ avec un goût amer : ni blanche, ni sauvée. Cher grand père, pour tout vous dire, le public au Mali, c’est de la catastrophe avec 80 % de pauvres et maintenus dans la pauvreté. Une paupérisation grandissante de jour en jour. Mais l’espoir y est, le dialogue politique.
Cher grand-père le seul espoir qui nous reste c’est ce tribunal national (Dialogue politique), qui doit confronter toutes les opinions, toutes les idées et toutes les solutions pour remettre notre cher pays sur les rails, ou dans un avion pour ne plus emprunter la route de Kayes.
Cher grand-père, est-ce possible, un jour, d’avoir au Mali des dirigeants qui auront leurs enfants dans nos écoles publiques, des dirigeants qui se soigneront dans nos hôpitaux, des dirigeants qui rêveront d’aller en vacance sur l’ile de Sélingué, au bord du lac Débo, au pieds du Mont Hombori, dans les falaises de Bandiangara, ou explorer les sites mystérieux de Tombouctou, l’Adrar des Ifogh, etc. Utopie ! Vous direz. C’est juste une question, grand-père.
Cher grand-père, je vous souhaite une très bonne réussite pour le Dialogue politique. L’éléphant a été annoncé, on l’attend. A mardi prochain ! Cordialement…
Lettre de Koureichy