Un ami de Bertin Dakouo lui rend hommage à l’occasion de la quarantaine de sa disparation qui a eu lieu le vendredi dernier.
En toi, je perds ce compagnon hors pair avec qui je chaussai la même paire pour suivre le sentier des repères que nos pères nous ont voulu perpétuer.
Badou Zaki “L’homme plus le Maroc”. Badou, permets-moi de commencer par évoquer ce nom par lequel tous nos camarades du séminaire et non moins ceux de Ké-Macina et Kolongotomo, s’accordaient à t’appeler au point d’avoir besoin de réfléchir pour se rappeler ton nom, le vrai.
Ce nom, disais-je, on te l’a concédé, quand avec tes détentes dignes d’un jeune félin, tu défiais quiconque de faire passer le ballon dans les buts que tu avais l’art d’hermétiquement fermer.
Tu aurais pu devenir ce gardien de but qui a souvent tant manqué à notre sélection nationale. Mais, tu n’en as rien voulu savoir, tu t’es amusé à fermer les buts sur les terrains de foot du petit séminaire de Koulikoro, du lycée Prosper Kamara (moyen séminaire pie XII) et du grand séminaire Saint Augustin de Samaya.
Oui, tu n’étais, à l’époque, animé que par une seule ambition : réussir ta vocation sacerdotale.
Et, sept ans après le bac, te voilà ordonné diacre de l’Eglise catholique. Puis, peu après, tu te retrouvas élève-maitre à l’Institut de formation de maîtres (IFM) de Sevaré.
L’enseignement ne devrait pas être la fin des tiraillements entre ton destin et toi.
Aussi, t’a-t-on vu te lancer dans des études de journalisme et devenir directeur de publication du journal “Info Matin”.
Que ne me suis-je pas senti fier d’entendre le célèbre Sy Solomani Sy, affectueusement marteler un “Tankelen Bertin Dakouwa” après avoir traduit en langue nationale bamanankan, l’un de tes élégants articles.
Mais qu’est-il donc arrivé ce mardi 17 octobre 2023 ?
Toi qui, d’un parcours vertigineux, nous as, par une sagesse élégante, persuadé que tout peut être dignement enduré et surpassé.
Dis-moi ce qui est arrivé ce jour, mon brave Tankelen.
Oui, un mal t’avait atteint. Mais, tu n’as jamais laissé soupçonner que ce lâche adversaire de maladie t’inquiétait ?
Et voilà un, deux, quarante jours que tu nous contrains à nous résoudre à admettre cette déconcertante annonce que tu as laissé se répandre.
Comment donc peux-tu partir sans mot dire ?
Ne penses-tu pas que l’heure est venue de te rendre la parole ?
Pour certainement que tu nous fasses sortir de ton éloquente timidité, les mêmes bouts de phrases : “on gère”, “ça va aller”, “on fait avec”, “c’est compliqué mais ça ira”, “je maitrise la situation”, “tout à fait”, “on n’a pas le choix”.
Adieu mon ami ! En Dieu, nous nous reverrons.
D’ici là, laisse-moi graver ces quelques lignes de William Seabrook pour les garder en mémoire : “La gloire, et puis l’oubli. L’itinéraire est classique, parfois justifié par l’ordre des choses. Le souvenir fait en silence son tri, parfois non, le souvenir a ses paresses, ses distractions. Le temps par bonheur autorise quelques repêchages“.
Joseph Drabo
Celui que tu as toujours appelé “Petit You
Mali Tribune