C’est une perte importante pour le Hezbollah en Syrie. L’organisation annonce, ce vendredi 13 mai 2016, la mort à Damas de Mustapha Badreddine, commandant militaire suprême du Hezbollah. Comme son cousin, beau-frère et prédécesseur Imad Moughniyé, assassiné à Damas en 2008, il était l’un des fondateurs du parti chiite au milieu des années 80 du siècle dernier.
Dans un premier communiqué publié ce vendredi à l’aube, le Hezbollah a d’abord affirmé que Mustapha Badreddine avait dit, il y a quelques mois : « Je ne reviendrai pas de Syrie, sauf en martyr ou en portant l’étendard de la victoire. » Il dirigeait dans ce pays le contingent du Hezbollah, évalué entre 7 000 et 10 000 hommes, qui se battent aux côté du régime syrien.
Puis le Hezbollah a publié ce vendredi matin un second communiqué, affirmant qu’une forte explosion s’était produite dans une base du parti, près de l’aéroport international de Damas, au sud de la capitale, provoquant la mort de Mustapha Badreddine et faisant plusieurs autres blessés. Le parti affirme qu’une enquête est en cours pour déterminer les causes de l’explosion.
Un nom célèbre, lié à l’enquête sur la mort d’Hariri
Ce chef militaire était considéré comme une légende vivante par la mouvance du Hezbollah. Ses funérailles auront lieu à 17h30 locales, dans la banlieue sud de Beyrouth. Des personnalités politiques de tous bords et des délégations populaires défilent déjà dans ce fief du mouvement pour présenter leurs condoléances. Les médias du mouvement ont suspendu leurs programmes et diffusent des éditions spéciales. La nouvelle occupe également toutes les chaînes de télévision libanaises et les réseaux sociaux.
Les Libanais découvrent à cette occasion le visage d’un homme mystérieux, dont le nom leur était familier, mais dont la dernière photo connue datait jusqu’ici d’il y a plus de 25 ans. Au Liban, les gens connaissent bien le personnage, car son nom avait été cité par le procureur du Tribunal spécial sur le Liban, qui le suspectait d’être impliqué au premier chef dans l’assassinat, en 2005, de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, ce que le Hezbollah dément catégoriquement.
Circonstances incertaines autour des évènements
Dans son enquête, le procureur du Tribunal spécial pour le Liban considérait Mustapha Badreddine comme le principal accusé, le « cerveau » potentiel de l’assassinat. Il faisait l’objet de sanctions du Trésor américain, et le Tribunal spécial avait émis à son encontre un mandat d’arrêt. Le Hezbollah avait toujours refusé qu’il soit interrogé. Il jugeait l’accusation politique, rappelle notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh.
On ignore encore les circonstances exactes de la mort de Mustapha Badreddine. Frappe aérienne ? Missile ? Tir d’artillerie ? On ignore également à quel moment ce décès est survenu, ou quels sont les éventuels commanditaires de cette attaque non revendiquée. En règle générale, le mouvement chiite accuse souvent Israël de l’assassinat de ses cadres.
Plus de 1 000 membres du Hezbollah tués en Syrie
Ce que l’on sait, c’est que ce cadre du Hezbollah était une « bête noire » pour tous les adversaires du régime Assad, et pas seulement. Il était aussi le cauchemar de plusieurs partis politiques libanais, ou encore des dirigeants israéliens et américains. Membre influent du mouvement chiite libanais, il avait remplacé Imad Moughniyé en tant que commandant en chef de la milice chiite après l’assassinat de ce dernier.
Selon un décompte des funérailles de ses partisans organisées au Liban, le Hezbollah aurait perdu en Syrie, depuis le début de son intervention au printemps 2013, quelque 1 300 combattants, dont au moins cinq de ses principaux chef militaires ayant un grade équivalent à celui des généraux dans les armées conventionnelles. Près de 5 000 autres soldats auraient été blessés. Mais Mustapha Badreddine est le plus haut gradé du Hezbollah tué en Syrie depuis le début de l’intervention dans ce pays.
Source: RFI