Les États-Unis envisagent d’ouvrir des discussions avec les rebelles syriens du Front islamique qui supplante désormais sur le terrain l’armée de libération. Selon plusieurs sources l’ambassadeur américain pour la Syrie, Robert Ford, chargé depuis deux ans de coaliser la myriade de forces de l’opposition et de la rébellion non jihadistes pourrait entrer en contact avec le Front islamique.
C’était le 22 novembre dernier. Ce jour-là, sept groupes islamistes hostiles au régime syrien fusionnent et constituent la plus importante force rebelle, dénommée « Front islamique ». Son but : contenir les avancées de l’armée de Damas et des jihadistes liés à al-Qaïda.
Il s’agit en fait de la plus grande coalition de forces rebelles depuis le début du conflit syrien en mars 2011 et d’une fusion de groupes islamistes de toutes tendances, à l’exclusion de ceux liés à al-Qaïda. « Il faut les distinguer des groupes jihadistes de type affiliés à al-Qaïda ; il s’agit plutôt de salafistes », insiste Félix Legrand, chercheur sur la Syrie au centre Initiative de la réforme arabe.
Des moyens importants
Depuis, le Front islamique a gagné du terrain. Il a pris le contrôle des entrepôts de l’Armée syrienne de libération (ASL), dans le nord du pays, tout proche de la Turquie, et fait main basse sur les armes et les vivres généreusement fournies par les Américains et les Britanniques.
Selon Félix Legrand, les brigades du Front islamique peuvent compter sur des financements privés, mais aussi venant d’Etat du Golfe, pour payer leurs soldats et de les équiper en munitions et en armes avancées. « Les brigades de l’Armée syrienne libre ont manqué énormément de soutien et d’armes, ce qui a conduit beaucoup de soldats et même des brigades entières de cette Armée libre à rejoindre les groupes salafistes », indique le chercheur.
Face à cette nouvelle donne, les États-Unis et Londres ont cessé la livraison de leur aide et envisagent même aujourd’hui de discuter avec le Front. Car il y va notamment de la poursuite de la rébellion au régime de Bachar el-Assad et du succès de la conférence de Genève consacrée à l’avenir de la Syrie qui se tiendra le 22 janvier.