Il y a quelques jours, les Douanes nigériennes ont décidé de suspendre le transit des produits pétroliers maliens sur le territoire nigérien sauf ceux destinés à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Une décision que certains observateurs trouvent méprisante envers les communautés de Ménaka et Gao dont les populations sont indifférentes à celles du Niger. En effet, une organisation de la société civile d’Ansongo (FORC-G) est sortie de son silence pour dire niet à l’approvisionnement de la Minusma pendant que le Mali demeure suspendu.
La tension entre le Mali et le Niger ne baissera pas de sitôt. Une organisation de la société civile d’Ansongo (FORC-G) dit niet à l’approvisionnement de la mission onusienne (Minusma) tant que le Mali demeure suspendu.
Dans une note de service adressée aux différentes unités des douanes situées sur les axes routiers menant au Mali, le directeur général des douanes nigériennes avait annoncé la suspension du transit de produits pétroliers en direction du Mali, sauf ceux destinés à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Même les autorisations déjà délivrées pour accomplir les formalités de transit ont été également suspendues.
Une décision qui dénote clairement, même si elle n’est pas officiellement justifiée, de l’escalade des tensions verbales entre les deux pays depuis le coup d’Etat de 2020 au Mali. Depuis la rectification de la transition au Mali, Bamako et Niger ne cessent de se lancer des flèches.
On se rappelle que lors d’une conférence de presse animée en janvier dernier à Paris, le ministre nigérien des Affaires étrangères Hassoumi Massaoudou avait qualifié le combat souverainiste des nouvelles autorités de Bamako de « patriotisme frelaté ».
Vient s’ajouter le fameux discours du Premier ministre intérimaire du Mali, le colonel Abdoulaye Maïga, à la tribune des Nations unies, où il traite ouvertement le président Bazoum “d’étranger qui se réclame du Niger”. Bien que décidée bien avant la 77e assemblée générale des Nations unies, mais c’est le jour du retour de la délégation malienne des Etats unis que la FORC-G d’Ansongo a trouvé opportun pour réagir à la décision des douanes nigériennes contre le Mali.
Elle dit non à l’approvisionnement de la Minusma tant que la suspension demeure sur le Mali. « Nous FORC-G d’Ansongo représentatif de la société civile: nous nous réservons le droit de saisir tous les véhicules contenant du carburant en provenance du Niger pour la Minusma afin de le distribuer gratuitement à la population civile d’Ansongo et de la région de Gao », a indiqué cette organisation de la société civile, tout en invitant le gouvernement à prendre également des mesures de réciprocité sur les produits vivriers algériens qui transitent par la région de Gao pour le Niger. « Nous attendons de notre gouvernement de bloquer aussi les produits vivriers algériens qui transitent par la région de Gao pour le Niger dans le plus bref délai, sinon nous nous en chargerons », a-t-elle menacé.
Selon certains observateurs tels que Chodi Ag, un ressortissant du Nord du Mali, cette décision du gouvernement de Bazoum, « ressemble beaucoup aux méthodes terroristes de l’Eigs qui n’attaque que les populations ». Tout en soulignant lui aussi que c’est « une décision méprisante envers les communautés de Ménaka et Gao dont les populations sont indifférentes à celles du Niger », Chodi Ag a rappelé les liens existant entre les populations de Ménaka et Gao et celles de Niger. « Qui dit Ménaka et Gao dit le Niger. Il faut être un étranger pour essayer de dissocier les Sonrhaïs, Touaregs, Peulhs et Arabes du Mali et du Niger. Le Mali et le Niger ont les mêmes populations », a-t-indiqué, tout en indiquant que « Bazoum devrait régler ses comptes avec les autorités maliennes, tout en épargnant les populations.
Pour lui, cette décision va certainement impacter le ravitaillement en produits pétroliers (gasoil, essence et gaz domestique) des localités nord du Mali, en particulier les régions de Gao et Ménaka, sous le joug des violences terroristes depuis plusieurs mois.
Il faut déduire que cette suspension se présente comme une manifestation de la volonté de Niamey d’œuvrer désormais à la déstabilisation des militaires au pouvoir à Bamako, car selon l’agence Anadolu, des citernes maliennes ont continué à se ravitailler en produits pétroliers au niveau de la Société de raffinerie de Zinder (Soraz) située à près de mille kilomètres de la capitale nigérienne, Niamey, même avec les sanctions Cedeao.
Issa Djiguiba
Source: LE PAYS