La guerre entre l’Ukraine et la Russie, deux grands fournisseurs mondiaux d’engrais azotés et potassiques, ferait peser un risque élevé sur la production agricole des 15 pays de la Communauté économiques des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) lors de la campagne 2022/23.
La pénurie d’engrais, et son corolaire la hausse des prix, pourraient entraîner une baisse de production de 10 à 20 millions de tonnes, soit près de 20% de la production céréalière (73 Mt) de 2021/22, souligne l’étude réalisée par la Commission de la Cedeao, la FAO et le PMA « Évaluation des risques de l’impact de la crise russo-ukrainienne sur la production agricole dans la région de la Cedeao ».
Plusieurs facteurs, dont le changement climatique, la recrudescence des conflits, la pandémie de la Covid-19, l’augmentation des coûts du transport et de l’énergie, etc., pèsent déjà sur la production agricole mais ils seront aggravés par la pénurie d’engrais induite par le conflit en Ukraine, observe l’étude.
Contrairement aux céréales ou aux huiles végétales, les pays de la Cedeao sont plus dépendants des importations d’engrais en provenance de la Russie et de l’Ukraine. Par exemple, la Russie a fourni plus de 50% des importations de potasse à la Côte d’ivoire, au Mali, au Niger, au Sénégal et à la Sierra Leone.
Ainsi, l’étude estime que la région sera confrontée à un déficit d’engrais compris entre 1,2 et 1,5 Mt. Les pays dont les besoins en fertilisant sont les moins ouverts en avril 2022 sont le Burkina Faso, le Mali, le Ghana et le Niger.
A la pénurie de certains types d’engrais s’ajoute le coût des engrais. Ainsi, les prix de l’urée sont encore 2,5 fois plus chers que son prix moyen entre 2016 et 2020 ($800 la tonne contre $300 sur la période précédente).
Moindres impacts pour les céréales et les huiles végétales
Les pays de la Cedeao importent principalement du riz (50% des importations totales de céréales) et du blé (44%) mais les importations toutes céréales confondues d’Ukraine et de Russie ne représentaient que 12% des importations totales en 2020. Néanmoins, souligne l’étude, certains pays sont plus dépendants. C’est le cas du Bénin, du Cabo Verde, de la Gambie, du Sénégal et du Togo, avec souvent plus de 50% de leurs importations de blé provenant de la Russie et de l’Ukraine.
Quant aux huiles végétales, c’est incontestablement l’huile de palme qui domine dans les pays de la Cedeao. Elles représentent 85% des importations d’huiles végétales. Un bémol est à ajouter la diversification accrue ces dernières années des huiles végétales, l’huile de palme représentait 90% des importations sur la période 2015/18. La Cedeao importe plus de l’huile de tournesol (+3%), de soja (+2%) et d’olive (+2%). L’huile de tournesol provient essentiellement de l’Ukraine. Ainsi, le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Guinée et la Sierra Leone importent plus de 46% de leur besoin en huile de tournesol de l’Ukraine.