Sur invitation de la cellule de Marakakungo le président de l’Association pour le Mali APM, Mohamed Aly Bathily non moins ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières s’est rendu samedi dans la localité à la tête d’une forte délégation. Objectif: rencontrer ces populations et discuter de leurs préoccupations. C’était à la faveur d’une conférence débat tenue dans la cour de l’école fondamentale de Marakakungo. L’activité a permis aux populations d’une vingtaine de villages d’entretenir le ministre Bathily sur l’un de leurs soucis premiers à savoir le foncier. Ce qui a été fait avec de vives émotions par moment. Ici les populations se disent tout simplement écoeurées par la pression foncière, qui ces dernières années a atteint des proportions les menaçant dans leur propre existence. “Nos terres cultivables qui représentent le seul espoir de vie nous sont retirées à longueur de journée par la complicité d’autorités qui abusent de leur position. Si tu parles tu es emprisonné sans autre forme de procès”, explique le président de l’APM Marakakungo Bakary Diakité. Ici les populations craignent le pire car disent elles, “nos terres sont tout pour nous depuis que l’invasion a commencé, nos enfants commencent à migrer vers l’orpaillage et l’Europe avec toutes les conséquences”.
A Marakakungo précisément, c’est le maire Amara Diakité qui est mis en cause. Il aurait vendu avec la complicité de certains chefs de villages plus d’une dizaine de milliers d’hectares à des commerçants qui ont tout hypothéqué auprès des banques. A ce jour plusieurs familles restent sans terres cultivables encore moins d’espace pour la pâture. Les rares personnes qui ont soulevé la voix ont été jetées en prison avec l’aide de l’autre bout de la chaîne de complicité composée d’agents de l’Etat et juges dèloyaux.
Après avoir écouté pendant plus de trois heures les recriminations des uns et des autres, le président de l’APM dit n’être pas supris de tout ce qu’il a entendu car le phénomène est commun à plusieurs localités du Mali. Mais il a expliqué que la lutte contre la spéculation foncière est une réalité au Mali depuis l’accession au pouvoir du président de la République Ibrahim Boubacar Keita. Force doit revenir à la loi a t-il martelé, avant d’inviter les populations victimes à y mettre des leurs. « Vous ne pouvez plus vous contenter de dire que vous êtes spoliés, il va falloir vous organiser vous mêmes pour faire bloc à ces véreux spéculateurs ». Cela est possible mais dans l’union préconise t-il. A ceux d’entre eux qui sont aveuglés par la recherche du gain facile, Mohamed Aly Bathily leur demande de ne pas perdre de vue nos valeurs ancestrales de probité et de dignité. A l’endroit des établissements financiers qui accordent les crédits aux commerçants spéculateurs le ministre suggère le financement des agriculteurs eux mêmes. Cela permettra, selon lui, de sécuriser les terres et de lutter contre l’insécurité alimentaire et l’mmigration clandestine.
L’honorable Oumar Mariko qui a rejoint l’événement a lui aussi renouvelé son engagement pour soutenir la protection des terres cultivables qui subissent trop de pression. Il en a profité pour demander aux plus hautes autorités de prendre le problème à bras le corps au risque de voir d’autres foyers de tension naître au Sud du Mali.
Les réalités sur la spéculation foncière ont été mises en pratique à travers une prestation théâtrale du groupe Djiguia.
L. ALMOULOUD
Source : L’ Essor
