Dans son adresse à la Nation de ce 4 novembre, faisant suite à l’attaque meurtrière du camp de Indélimane, qui a coûté la vie à 54 de nos vaillants soldats, le Président IBK a interpelé : « dans ces circonstances particulièrement graves où la stabilité et l’existence de notre pays sont en jeu, notre seule réponse doit être l’UNION NATIONALE, l’UNION SACRÉE autour de notre armée nationale, celle qui veille jour et nuit depuis si longtemps pour que le Mali demeure ».
L’appel, manifestement, a été entendu par les Maliens, en raison de la très forte mobilisation, en cours autour des Forces armées et de sécurité. En cela, la journée du 15 novembre sera gravée dans les annales de l’histoire du Mali. En ce jour béni de vendredi, pour soutenir les FAMa qui se battent pour la sécurité des personnes et des biens, pour la restauration de la souveraineté sur l’ensemble du territoire national, au prix du sacrifice ultime, c’est une mosaïque de mobilisations qui a eu lieu: le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), dont le MPR est membre ; la Plateforme ‘’Anw Ko Mali Dron’’ ; le Parti ADP-Maliba ; plusieurs associations et syndicats, dont la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM). Tous ont pris rendez-vous, en ce vendredi, au Boulevard de l’indépendance pour dire non aux tueries des FAMa, aux massacres des populations civiles ; pour dire oui, nous soutenons nos Forces de défense et de sécurité, pour dire en avant les FAMa et certainement pour dire oui à des Forces de Défense et de Sécurité toujours mieux équipées…
Une mobilisation générale est le meilleur message d’union, de cohésion que les Maliens puissent envoyer au monde, à commencer par ceux qui surfent sur nos frustrations pour nous diviser. Il est un peu regrettable que la Conférence de la société civile se la joue en solitaire, en organisant son meeting de soutien à l’Armée qui a du reste tourné au pugilat en raison de divergences de fonds sur le mot d’ordre. Il en est de même pour le Haut conseil islamique du Mali et plusieurs organisations de la société civile qui ont organisé à leur tour un grand meeting, le dimanche 17 novembre, au Palais des sports de Bamako.
Le hiatus a également et surtout porté sur le message avec le dégagisme des Forces internationales qui s’est invité au cœur de l’extraordinaire mobilisation autour des FAMa qui n’étaient finalement qu’un prétexte pour certains pour solder leur compte politique. Une nouvelle fois, l’alchimie tant attendue a foutu le camp par la fenêtre parce qu’elle ne s’accommode pas de l’hypocrisie.
Certes, toutes les initiatives concourent à requinquer les Forces de défense et de sécurité, mais les meetings perlés, les messages disparates représentent certainement un coup de canif à l’unité et à la cohésion nationale. Ils laissent un arrière-goût d’inachevé à l’élan national. Or, dans ces circonstances particulièrement graves, taire nos ego et réaliser l’union sacrée n’est pas une option.
« À un moment où notre pays fait face à de nombreux défis politiques, économiques, sociaux, en ces temps remplis d’incertitudes, et de doute, mais aussi d’espoir, l’unité de la nation n’est plus une option. Elle est une priorité, une urgence même. Elle est le ciment par lequel nous réussirons à élever les murs de la maison Mali, notre maison commune », martelait le Président IBK, lors de sa prestation de serment le 4 septembre 2018. Aucune rancœur incurable envers le Président IBK, aucun ego surdimensionné, aucune sordide guerre de pouvoir ne devrait nous détourner de ce message qui est la voie du salut. Que nous nous aimions ou pas, le souhait de tout passager est que la barque arrive au rivage ; or là elle tangue dangereusement au milieu du fleuve.
Dans le pire des scenarii, si la personne de IBK est vomie, au point qu’on est prêt à jeter le bébé avec l’eau du bain, qu’on est prêt à accepter que l’embarcation coule et qu’on se noie tous, il reste cette réflexion de Martin Luther KING pour que la raison triomphe sur la haine : ‘’nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots’’.
Au demeurant, la Constitution du 25 Février 1992 qui semble si chère à certains Maliens qu’ils estiment qu’elle est inscrite dans du marbre et doit rester intangible nous donne une leçon de renonciation de belle facture. L’article 117 dispose en effet : ‘’la République du Mali peut conclure avec tout État africain des accords d’association ou de communauté comprenant abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l’unité africaine’’. Pourquoi ne pourrions-nous pas faire violence sur nous-mêmes pour réaliser l’unité nationale, l’union sacrée autour du Mali et de nos FAMa ? Oui, nous le pouvons ! Oui, nous le devons, pour nous et les générations futures.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: info-matin