Cette semaine, un grand cinéaste malien célèbre ses 80 ans. Il s’agit de Souleymane Cissé. Le premier à remporer deux fois le grand prix de l’étalon de Yennenga du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) et le premier Africain à monter sur le podium du Festival du cinéma de Cannes (France) avec le prix spécial du jury en 1987. Entre autres récompenses d’importance internationale, il a reçu, en 2011 le Grand Prix Hommage au 7è Festival international du film black de Montréal. Ce prix lui était décerné pour l’ensemble de son œuvre, pour sa contribution exceptionnelle à l’industrie du cinéma en général et au milieu du cinéma indépendant et africain en particulier.
Le festival rend hommage à ses efforts extraordinaires pour briser les barrières et favoriser une meilleure compréhension des réalités des Noirs à travers ses films. Ce prix lui a été remis par le célèbre écrivain Dany Laferrière, lui-même prix Médicis 2009. Selon Dany Laferrière, « Souleymane Cissé est l’un des témoins les plus raffinés et sensibles venant d’Afrique. Son esprit universel illumine notre époque. Et sa discrétion l’honore ».
Les films, Baara (Le Travail), et Finyé (Le Vent), tous deux récompensés par l’étalon de Yenenga au Fespaco seront bien accueillis par la critique et le public cinéphile. Mais c’est Yeelen (La Lumière), Prix du Jury à Cannes en 1987, qui le révélera enfin au grand public et qui est étudié au Baccalauréat français 2011-2013 par la section cinéma et audiovisuel.
Souleymane Cissé a été membre de plusieurs jurys dont celui de la sélection officielle du Festival de Cannes en 1983 et celui de la Cinéfondation du Festival de Cannes en 2006. Son film, Min Yè…, en 2009, a été présenté en sélection officielle au 62è Festival de Cannes en 2009. En 2011, il fait partie du jury du Festival Tribeca, fondé par de Robert De Niro.
Le travail de Souleymane Cissé lui a permis d’être élevé au rang de Commandeur de l’Ordre national du Mali ; Officier de l’Ordre du Burkina Faso et Commandeur des Arts et des Lettres de France.
Quand le réalisateur américain Martin Scorsese a découvert Yeelen, il le décrit comme l’une des plus belles expériences cinématographiques de sa vie. « Je n’avais pas réalisé qu’un si beau cinéma se faisait en Afrique. Notre culture devient plus riche en voyant ces films », a-t-il ajouté.
Souleymane Cissé fait partie des rares cinéastes, titulaire de l’étalon du Yennenga a possédé sa statue grandeur nature sur le « Boulevard du cinéma » en plein cœur de la capitale burkinabé.
Né le 21 avril 1940 à Bamako, Souleymane Cissé fréquente l’école fondamentale de Bozola, puis le lycée de Bamako. En 1964, il s’envole pour Moscou (ex-URSS) et entre à l’Institut des hautes études supérieures de la cinématographie de Moscou (VGIK). Il revient au Mali en 1969 avec son diplôme de réalisateur en poche. Le Service cinématographique du ministère de l’Information du Mali (SCINFOMA) l’engage comme cameraman, reporter. En l’absence d’une télévision nationale, le SCINFOMA filmait toute l’actualité officielle des autorités et faisait le tour du Mali pour les projections publiques.
« Ses films ont inspiré le monde entier par leur dimension internationale. Il a donné ses lettres d’or au cinéma malien et africain, indique le réalisateur malien Boubacar Sidibé sur sa page Facebook. Souleymane Cissé mérite tout notre respect et notre admiration. »
Joyeux anniversaire !
Youssouf DOUMBIA
Source : L’ESSOR