Enlevé depuis le mardi 4 septembre 2018 par des bandits armés, Ibrahim Kontao, directeur de l’ONG Alfarook a été libéré ce mercredi 19 septembre à Sotuba village grâce à la complicité du commissariat de police du 3è arrondissement, la Forsat, la Brigade d’investigation judiciaire (Bij) et la population.
C’est à Sotuba village que le directeur général de l’ONG Alfarook, Ibrahim Kontao, a été retrouvé séquestré dans une toilette d’une villa appartenant à un de ses ravisseurs notamment Makan Diawara, prêcheur sur la radio Dambé, désigné comme le cerveau principal de l’enlèvement de l’imam Kontao. En plus de lui, trois autres complices dans ce rapt ont aussi été arrêtés par la police poursuit les investigations.
Makan Diawara, cité comme le cerveau de l’enlèvement, après son arrestation par les éléments conjoints du commissariat du 3è arrondissement, des Forsat, et de la Bij, a aussitôt reconnu les faits avant de dévoiler également la personne qui avait écrit le nom de la gendarmerie sur le véhicule qui a été utilisé lors de l’enlèvement faisant croire à l’opinion nationale et internationale que cet enlèvement a été perpétré par l’Etat malien et par des hommes en uniformes. Il est recherché également un agent des Forces armées qui aurait fourni une arme.
Après sa libération, la police continue toujours sa recherche pour traquer d’éventuels instigateurs de ce rapt.
Il faut rappeler que les ravisseurs de l’imam réclameraient une rançon d’environ 20 millions de F CFA après avoir reçu la somme d’un million de F CFA. Au vu de l’évolution de cette affaire, la piste d’un règlement de compte n’est pas à exclure, puisque déjà des proches de l’imam Kontao sont indexés.
Qui est Makan Diawara, le cerveau de l’enlèvement de l’imam Kontao ?
Issu d’une grande famille réputée dont une partie vit en Côte d’ivoire et aux Etats-Unis d’Amérique, Makan entame ses études primaires en côte d’ivoire avant de découvrir le Mali, terre de ses ancêtres, dans les années 1990 où il est inscrit à l’école fondamentale de Banankabougou. Comme en classe, le garçon était reconnu actif dans les activités ludiques organisées par l’école ou dans la société. Avec son DEF en poche, il accroche les crampons au lycée. Sous une bonne protection de sa famille adoptive, il aspire tôt à son autonomie sociale et financière. Il entre dans le monde commercial. Avec le soutien de sa famille, il ouvre la Quincaillerie islamique dans le quartier qui ne tarde pas à prospérer. L’homme se marie et fonde un foyer. Devenant adulte il s’attire une estime de tout le quartier à travers son implication dans les activités religieuses et “sociales compatibles avec sa religion”.
Djoh Maky pour les intimes et Papa en famille, Diawara ne se faisait point prier pour apporter sa contribution aux activités de la grande mosquée de Banankabougou où il ne ratait aucune heure de prière. Ce jeune homme plein de vie qui paraissait telle une star des soirées dansantes, surtout quand il s’agissait d’une soirée ivoirienne, est devenu un rat des mosquées et ne vêtit désormais que d’amples boubous. Makan ne répond plus au pseudonyme “Djoh Maky” mais plutôt à Oustaz Diawara.
Il se fait une notoriété publique dans le quartier de Faladié-Banankabougou en assurant à sa mosquée tente, chaises, et même matériel de sonorisation à l’occasion des prêches, des cérémonies funèbres, les fêtes de ramadan et de Tabaski. Il devient naturellement une voix autorisée parmi les ulémas du quartier. Autodidacte, l’homme s’initie à la lecture du coran et commence à donner des conférences (prêches) avant ou après les prières obligatoires dans la mosquée. On apprend qu’il s’est récemment vu retirer la parole lors d’un de ses prêches dans la mosquée de Banankabougou à cause des propos frisant l’extrémisme religieux.
Il continue sa campagne d’appel et de sensibilisation (Dawa) à travers l’animation radio. Il traite des thématiques ayant trait à la religion musulmane sur les antennes d’une radio confessionnelle de la place.
Malgré sa forte implication dans la religion, Makan avait toujours le temps de s’occuper de ses affaires qui ne cessaient de prospérer. Du commerce, il est devenu entrepreneur dans le BTP.
La quarantaine environ, et visiblement hors du besoin, l’homme a surpris plus d’un avec cet enlèvement dont il est suspecté être le cerveau. A ce jour, l’on se demande s’il s’agit d’un règlement de compte qui s’est transformé à une séquestration, ou d’un acte d’enlèvement ayant pour seul but de faire fortune ?
Quoi qu’il en soit en soit, rien ne saurait justifier l’enlèvement et la séquestration d’un coreligionnaire, d’un chef de famille, d’un leader religieux dont les bienfaits vont au-delà de la dimension religieuse.
Les enquêtes nous le diront.
La Rédaction