Les Maliens dans leur majorité ainsi que les partenaires régionaux et internationaux du Mali s’accordent sur un fait : la transition ouverte après le 18 août 2020 s’est embourbée par défaut de concertation et d’inclusion, empruntant ainsi un chemin diamétralement opposé à celui tracé par la charte de la transition. Laquelle engage, en son article premier, à l’observance des principes de dialogue, de consensus, d’inclusion, de solidarité, de réconciliation.
C’est pour sortir la transition de cet embourbement qui pourrait conduire le pays à une situation plus préjudiciable que le premier ministre Moctar Ouane a eu la judicieuse idée d’initier un comité d’orientation stratégique (COS). En compensant les tares relevées dans la mise en place des organes exécutifs et législatif de la transition, il a vocation, sous la supervision personnelle du chef du gouvernement, à recueillir les propositions pertinentes afférentes aux réformes prescrites dans la charte, en particulier celles politiques et institutionnelles. Lesquelles sont jugées nécessaires pour bâtir un nouvel Etat démocratique, appelé à s’inscrire dans la durée parce que conforme aux aspirations réelles des populations.
A cette fin le COS se veut un creuset pour « des personnalités issues de la classe politique, de l’université, de la société civile, des syndicats, des légitimités traditionnelles et religieuses » comme il ressort de son décret de création. Hélas, des leaders politiques, qui y avaient toute leur place, ont refusé de l’occuper parce qu’estimant que l’initiative ne cadre pas avec la vision qu’ils se sont faite du futur du Mali. D’autres ont décliné l’offre de participation qui leur a été soumise en se réfugiant derrière la faiblesse du quota à eux attribué.
Il en résulte que cet organe additif de la transition, destiné à modifier qualitativement son cours en lui conférant la crédibilité et la légitimité qui lui manquent, a commencé à fonctionner avec un handicap qu’on aurait pu éviter moyennant un tantinet de bonne volonté.
Cet épisode malheureux est une illustration supplémentaire de ce que la désunion est l’unique chose sur laquelle les Maliens peuvent s’entendre. Or il a été dit, écrit et établi que rien de beau, de grand, de durable ne peut se construire dans la désunion. Les civilisations modernes qui suscitent chez nous admiration, respect, souvent envie ont été bâties par des peuples qui ont su se rassembler autour de valeurs, regarder dans la même direction et travailler sur le long terme. Cela est vrai pour les États-Unis d’Amérique et la République populaire de Chine, en dépit de la différence de leurs systèmes. Tout près de nous le Ghana, le Rwanda et la Tanzanie nous montrent ce que des pays africains sont capables de réaliser en matière de progrès économique et de stabilité politique quand leurs populations, guidées par des dirigeants lucides et patriotes, s’accordent sur une marche à suivre qu’elles se sont donnée. En toute responsabilité et liberté.
Il est temps que nous adoptions une démarche similaire si nous voulons sauver le Mali car il s’agit ni plus ni moins de cela.
Saouti HAIDARA
Source: l’Indépendant