Au bout de deux ou trois jours, le neuropaludisme, forme extrême du paludisme, peut provoquer la mort chez les enfants. Au Mali, 25% des enfants rescapés de cette maladie présentent des séquelles neurologiques à vie.
« Mon fils n’a pas reçu les traitements adéquats. Nous avions d’emblée cru que l’enfant était victime des mauvais esprits ou de la sorcellerie. Nous avons donc préféré l’amener au village, à Kolokani, pour suivre des traitements traditionnels ». Ces propos sont de Soumba Koné, qui a perdu son enfant de 10 ans atteint du neuropaludisme.
Au Mali, le neuropaludisme est mal connu du grand public. Beaucoup le confondent aux mauvais sorts ou à la sorcellerie. Et pour cause. Il se manifeste par une perte de conscience, le coma, la fièvre, des convulsions. Des signes qui, par ignorance, poussent nombre de gens à recourir aux soins traditionnels plutôt qu’à la médecine moderne.
Plus de 8700 cas graves
Cette forme grave du paludisme est mortelle chez les enfants. « Le début chez l’enfant peut être progressif ou brutal, explique le Professeur Issaka Sagara, en poste au Malaria Research and Training Center (MRTC). L’accès pernicieux au début progressif est marqué par l’installation d’une fièvre irrégulière, d’un syndrome algique diffus associé à des troubles digestifs. L’examen clinique peut déjà révéler une composante neurologique faisant évoquer l’évolution vers un paludisme grave ».
Selon lui, le neuropalu est très fréquent chez les enfants en zone d’endémie et peut entrainer la mort en quelques heures. Les statistiques au Mali font état de plus de 8700 cas graves de paludisme chaque année avec plus de 1400 décès. Des chiffres, soutient le professeur Issaka Sangara, qui ne reflètent pas la réalité. Car beaucoup de décès surviennent à domicile et ne sont pas souvent notifiés au centre de santé, surtout en milieu rural.
Sensibiliser pour prévenir
Bon nombre de Maliens, même les personnes instruites, ignorent totalement ou partiellement le neuropaludisme. Ce qui augmente son taux de mortalité, car il est mal soigné.
Pourquoi cette maladie attaque la faculté mentale ? « Cela est dû au tropisme du parasite du paludisme qui se multiplie massivement dans les capillaires viscéraux profonds, mais aussi en secrétant des toxines favorisant donc une agrégation des parasites et particules (Knobs) dans le cerveau entrainant une anoxie (manque d’oxygène), ce qui explique les manifestations de neuropaludisme qui sont confondues aux problèmes mentaux », détaille le professeur Sagara.
Il ajoute que le taux de mortalité du paludisme ordinaire est largement moins faible comparé à celui relatif à la forme grave qu’est le neuropalu. Pour le Pr. Sagara, la communication est le meilleur moyen d’inverser cette mauvaise tendance. « La communication doit être renforcée, dit-il. Le paludisme est une maladie évitable avec les moyens actuels de prévention. Les chimio-préventions du paludisme saisonnier (CPS) chez les moins de 5 ans, le traitement préventif intermittent chez les femmes enceintes (TPI) sont gratuits. Dans les centres de santé, les moustiquaires imprégnées d’insecticide sont distribuées gratuitement et périodiquement. Le paludisme simple ne tue pas mais plutôt le neuropaludisme ».
Avant d’inviter les patients à se faire consulter le plus tôt possible dans les centres de santé dès l’apparition des premiers signes de maladie : « Avec une combinaison thérapeutique à base d’artémisinine (comme l’artémether-lumefantrine) permet de soigner le paludisme simple et donc d’éviter le paludisme grave tel que le neuropaludisme et donc le décès », conclut-il.
Source : Benbere