Conformément à son mandat, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unis pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) organise des rencontres pour discuter avec les différentes composantes de la société malienne. Elle était ainsi face à la presse hier à la Maison de la presse. Objectif : clarifier une fois de plus son mandat et faire comprendre ses missions. La conférence était co-animée par la porte-parole de la MINUSMA, Radhia Achouri, l’officier en charge de la stabilisation et du relèvement, chargé de programme des projets à impact rapide, Matteo Menin, l’adjoint au chef de la police MINUSMA, le colonel Jean François Voillot, et le lieutenant colonel Moussa Idi, représentant de la force malienne.
D’entrée de jeu, Radhia Achouri a attiré l’attention sur les résultats du sondage « Mali mètre» de la Friedrich Ebert Stiftung (FES) mesurant les opinions défavorables à la MINUSMA dans la population. Cette enquête révèle que plus de la moitié des citoyens enquêtés (59,1%) ne fait pas confiance à la force onusienne. Le sondage précise que la population accuse la MINUSMA de ne pas faire la guerre aux terroristes et aux groupes armés, de ne pas soutenir l’armée malienne contre les groupes armés et de prendre partie en faveur de ces groupes armés, plus particulièrement la Coalition de mouvement de l’Azawad.
Radhia Achouri a réagi à ces opinions défavorables en insistant sur le mandat de la MINUSMA. La Minusma, a-t-elle rappelé, a été créée par la Résolution 2100 du Conseil de sécurité du 25 avril 2013, suite à la demande des autorités de transition du Mali pour appuyer le processus politique au Mali et effectuer un certain nombre de tâches d’ordre sécuritaire.
Sa raison d’être fondamentale était de venir apporter son aide et son assistance aux autorités pour stabiliser la situation sur tout le territoire malien et particulièrement dans les régions du Nord et appliquer la Feuille de route pour la transition. Concrètement, elle devait accorder une attention prioritaire aux principales agglomérations et aux axes de communication, protéger les civils, surveiller la situation des droits de l’homme, mettre en place les conditions indispensables à l’acheminement de l’aide humanitaire et au retour des déplacés, à l’extension de l’autorité de l’État et à la préparation d’élections libres, ouvertes à tous et pacifiques, a énuméré Radhia Achouri.
Nombreux sont les gens qui s’attendent que la MINUSMA ait un mandat pour faire partie de la lutte proactive (lutte armée) sur le terrain contre le terrorisme. Or pour des raisons d’impartialité, la MINUSMA ne peut pas s’engager dans un conflit direct entre les belligérants locaux. « En vertu de son mandat, la MINUSMA n’a pas vocation à lutter contre le terrorisme. C’est le Conseil de sécurité qui a décidé que les opérations de maintien de sécurité dans le sens classique du maintien de la paix n’aient pas ce mandat. Jusqu’aujourd’hui, aucune force déployée sous le drapeau des Nations Unies n’a des confrontations directes avec les terroristes », a-t-elle assuré.
Se prononçant sur l’accusation de partialité, Radhia Achouri a expliqué que le rôle confié à la MINUSMA l’a été essentiellement sur la base des accords déjà signés par les parties maliennes. La MINUSMA a un rôle politique. Ses efforts qui sont absolument impartiaux, visent à rapprocher les points de vue, à aider les parties maliennes à trouver le consensus. « Il ne s’agit en aucun cas de prendre partie avec un groupe », a indiqué Radhia Achouri.
L’occasion était bonne pour la porte-parole de la mission onusienne d’évoquer la résolution numéro 2227 (2015) qui renouvelle le mandat de la MINUSMA jusqu’au 30 juin 2016. Elle a précisé que cette résolution est spécifiquement orientée sur la mise en œuvre de l’Accord de paix et la supervision du cessez-le-feu. Outre les tâches spécifiques de la MINUSMA, le Conseil de sécurité établit dans sa Résolution 2227, les obligations internationales, y compris le Comité de suivi de l’accord et ses membres.
Aminata Dindi SISSOKO
source : L’ Essor