Les différentes interventions ont porté sur la solidarité et la mutualisation des efforts dans la lutte contre les groupes terroristes. Les partenaires ont réaffirmé leur engagement à être aux côtés des pays du G5 Sahel pour vaincre le terrorisme
La capitale mauritanienne a abrité, hier les travaux du 6è sommet ordinaire des chefs d’État du G5 Sahel et de la première Assemblée générale de l’Alliance du Sahel. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta et les autres chefs d’État du G5 Sahel, à savoir Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, Mahamadou Issoufou du Niger, Idriss Deby Itno du Tchad ont tous répondu à l’invitation de leur homologue de la Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani. À l’ouverture des travaux, le président de la République mauritanienne a d’abord fait observer une minute de silence en la mémoire de toutes les victimes civiles et militaires du terrorisme.
Les États du Sahel, a-t-il soutenu, ont su très vite adopter une approche systématique à l’identification des facteurs de fragilité communs. Pour Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, malgré le renforcement de la coopération régionale et les progrès réalisés en matière de lutte contre le terrorisme, on constate que la menace sécuritaire alimente et instrumentalise ces faiblesses, créant ainsi un environnement favorable lui permettant de se recycler et de se régénérer dans des zones initialement épargnées ou relativement pacifiées. «Dès lors, la conjugaison de nos efforts communs avec l’ensemble de nos partenaires stratégiques devient nécessaire pour venir à bout de l’extrémisme violent et tarir les sources à partir desquelles il se nourrit», a-t-il plaidé.
Le président sortant du G5 Sahel, Roch Marc Christian Kaboré, a saisi cette occasion pour faire le point des actions réalisées par l’organisation pendant la durée de son mandat. À ce propos, le chef de l’État du Burkina Faso a notamment mentionné la poursuite de la mobilisation des ressources, suite aux différentes annonces enregistrées, le renforcement des capacités opérationnelles de la Force conjointe en qualité et en nombre par l’organisation d’une vingtaine de sessions de formation au profit de plus de 300 éléments de cette entité.
PAS QUE DES ZONES D’OMBRE- L’autre temps fort de la cérémonie a porté sur les interventions des partenaires qui ont tous réitéré leur engagement à lutter contre le terrorisme. Ainsi, dira le président de la Commission de l’Union africaine (UA) Moussa Faki Mahamat, «nous avons un besoin pressant de victoires concrètes contre le terrorisme». Répondre à ces besoins existentiels, insistera-t-il, est le vrai défi de ce sommet. Et d’ajouter que la contribution au financement et au renforcement des capacités de la Force conjointe du G5 Sahel est une des actions prioritaires du moment. Estimant que dans ce panorama général, il n’y a pas que des zones d’ombre, le patron de la Commission de l’UA a salué le récent retour de l’Armée malienne à Kidal, l’envoi imminent du contingent tchadien dans le fuseau centre comprenant la zone des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Le renforcement des effectifs de la force Barkhane par 600 éléments complètera ces efforts opérationnels.
Moussa Faki Mahamat s’est dit persuadé que le sommet de Nouakchott marquera une nouvelle étape dans l’engagement collectif dans la lutte contre le terrorisme. «L’heure est venue d’accélérer le rythme d’exercer une pression continue sur les terroristes et de leur arracher l’initiative», a-t-il martelé, avant de rappeler que le dernier sommet de l’UA a pris un certain nombre de mesures fortes au nombre desquelles l’invitation explicite faite à l’Afrique à verser des contributions volontaires pour soutenir les efforts des pays du G5 Sahel, la demande à la Commission de l’UA de soutenir la mise en œuvre du plan d’actions de la Cedeao estimé à plus de 2,5 milliards de dollars (environ 1.375 milliards de F cfa) en faveur du Sahel et du G5.
De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian dira que dans la lutte contre le terrorisme un sursaut de mobilisation, de coordination et de priorisation est nécessaire. C’était l’objet du sommet tenu le 13 janvier dernier à Pau, en France entre le président français et ses homologues des États du G5 Sahel qui a permis le lancement d’une nouvelle coalition pour le Sahel. Depuis la tenue de cette réunion, soulignera le ministre français, des progrès importants ont été réalisés : affirmation de l’autorité de l’État malien dans le Nord, constitution d’un état-major conjoint rassemblant Barkhane, la Force conjointe du G5 Sahel et les forces nationales à Niamey, livraison de tous les équipements promis par l’Union européenne, déploiement des forces spéciales européennes dans le cadre de la «Task force Takuba». Jean-Yves Le Drian a fait savoir que les armes ne suffiront pas pour arriver à bout du terrorisme, il faudra aussi répondre aux besoins des populations dont les frustrations et le désespoir alimentent l’extrémisme.
C’est le sens, selon lui, du Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel lancé à l’initiative du président français Emmanuel Macron et de la Chancelière allemande, Angela Merkel ainsi que de l’Alliance Sahel. Jean-Pierre Lacroix, le représentant du secrétaire général des Nations unies, Axel van Trotsenburg, directeur général des opérations de la Banque mondiale étaient présents à Nouakchott et ont réitéré l’engagement de leurs organisations respectives à rester aux côtés des États du G5 Sahel pour vaincre l’hydre terroriste. À l’issue du sommet, le président burkinabé, Rock Marc Christian Kaboré a passé le témoin à son successeur, le chef de l’État de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani.
Envoyé spécial Massa SIDIBÉ