Le Président en exercice du Sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO a convoqué hier jeudi un Sommet extraordinaire ‘’de toute urgence
« pour examiner la situation du Mali. ‘Tout a commencé par une mutinerie survenue dans la matinée du 18 Aout 2020 au camp Soundiata Kéita de Kati. Cette mutinerie a progressivement évolué vers le contrôle de l’ensemble de l’appareil de l’Etat avec l’arrestation de hauts gradés et de hautes personnalités, y compris le chef de l’Etat, dans la même journée. Tard dans la nuit nous apprenons que le président de la république, otage des putschistes, a dissout l’Assemblée Nationale et le Gouvernement puis annoncé sa démission de ses fonctions dans une déclaration radiotélévisée’’.
Dans son intervention, le Président du Niger, président en exercice de la CEDEAO a jugé la situation grave et dont
« les conséquences sécuritaires sur notre région et sur le Mali sont évidentes ». La Situation nous interpelle. Elle nous montre le chemin qui reste à parcourir pour la mise en place d’institutions démocratiques fortes dans notre espace. C’est le lieu de rappeler qu’en 2012, un autre coup d’Etat avait permis aux organisations terroristes et criminelles d’occuper pendant plusieurs semaines les 2/3 du territoire Malien », a déclaré le président de la commission des Chefs d’Etat de la CEDEAO.
« Nous avons donc décidé après nos échanges de prendre les décisions ci-après : a) condamnons avec fermeté les menaces et les pressions ainsi que les manipulations effectuées par les militaires putschistes sur le Président Ibrahim Boubacar Kéita pour le contraindre à annoncer une démission contre son gré ; condamnons avec la plus grande fermeté la tentative de renversement par des militaires putschistes du gouvernement démocratiquement élu du Président Ibrahim Boubacar Kéita ; dénions catégoriquement toute forme de légitimité aux militaires putschistes et exigeons le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel ; exigeons la libération immédiate du Président Ibrahim Boubacar Kéita et de tous les officiels arrêtés ; rappelons aux militaires putschistes leur responsabilité sur la sûreté et la sécurité du Président Ibrahim Boubacar Kéita et des officiels arrêtés ; demandons le rétablissement du Président Ibrahim Boubacar Kéita en tant que Président de la République, conformément aux dispositions constitutionnelles de son pays.
suspendons le Mali de tous les Organes de Décision de la CEDEAO avec effet immédiat, conformément au Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance et ce, jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel ; décidons de la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que l’arrêt de tous les flux et transactions économiques, financières et commerciales à l’exception des denrées de première nécessités, des médicaments, du carburant, et de l’électricité entre les pays membres et le Mali. Nous invitons tous les partenaires à faire de même ; demandons la mise en œuvre immédiate d’un ensemble de sanctions contre tous les militaires putschistes et leurs partenaires et collaborateurs ; décidons de dépêcher immédiatement une délégation de haut niveau pour assurer le retour immédiat de l’ordre constitutionnel ; demandons la montée en puissance de la Force en Attente de la CEDEAO ; décidons de demeurer saisie de la situation au Mali.
Bien entendu, le cadre de dialogue institué par notre communauté reste valable et le médiateur Goodluck Jonathan est disponible pour continuer sa mission de rapprochement des positions de toutes les parties et de réconciliation du peuple Malien. Nous allons donc engager des discussions avec les responsables de la junte militaire pour leur porter le message de notre communauté et leur faire comprendre que le temps des prises de pouvoirs par la force est révolu dans notre sous-région. Nous travaillerons de façon inclusive, avec tous les fils du Mali afin que ce pays s’engage dans un processus où ses institutions démocratiques seront pleinement rétablies et opérationnelles et ce dans les meilleurs délais. En tant que Président en Exercice de la CEDEAO, j’ai à cœur la résolution de la crise politique et institutionnelle au Mali et au vu des échanges que nous venons d’avoir je n’ai aucun doute que c’est le même sentiment qui anime tous les Chefs d’Etat et de Gouvernement de notre Communauté et qu’ensemble nous réussirons. Le Mali est dans une situation critique avec des risques graves qu’un affaissement de l’Etat et des institutions n’entraine des revers dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé avec toutes les conséquences pour l’ensemble de notre communauté. C’est dire que ce pays a plus que jamais besoin de notre solidarité.’’
Mahamane TOURÉ
NOUVEL HORIZON