Plus d’un an après le sommet de Pau, les chefs d’Etat du G5 Sahel se réuniront dans la capitale du Tchad les 15 et 16 février. Ces pays gangrénés par le djihadisme sont peut-être à un tournant de leur histoire commune. Comment mettre fin à ces années de terreur sans que les négociations qui s’annoncent avec les leaders terroristes ne viennent bafouer les valeurs et les institutions de chacune de ces nations ?
Les populations n’aspirent principalement qu’à deux choses : que leur travail leur permette de vivre décemment et que leurs enfants grandissent loin de l’insécurité. Les immenses efforts consentis pour relever ces défis doivent être poursuivis. Si le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, le Niger et la Mauritanie travaillent conjointement à éradiquer ce mal, la communauté internationale a compris quels enjeux se dessinaient au Sahel. Ces derniers mois ont vu l’implication de plusieurs nations, africaines tout d’abord, mais aussi européennes. Au Mali par exemple, se déploient actuellement les forces spéciales Takuba venues de pays européens et qui seront extrêmement efficaces pour surprendre les groupes terroristes au cœur de leurs zones refuges. En appui des forces armées maliennes, la pression est donc mise sur les leaders « présumés » djihadistes, ceux-là mêmes avec qui le gouvernement envisage de négocier.
Tout comme le Burkina Faso dont le Premier ministre Dabiré déclarait il y a quelques jours que des discussions avec les terroristes n’étaient pas à exclure, le président Bah N’Daw doit garder à l’esprit que face à lui se tiendront des « émirs » aux aspirations quelques fois communautaires, souvent personnelles mais pas religieuses comme ils aimeraient le faire croire. D’ailleurs, exprimées dans une telle violence, même les revendications communautaires, ethniques deviennent inaudibles et s’inscrivent en totale opposition avec le besoin d’unité du pays. De plus, les opérations militaires de ces dernières semaines ont considérablement affaibli certains groupes terroristes. A grand renfort de communication, ils tentent malgré tout de convaincre qu’ils sont en position de force et qu’ils engrangent les victoires ; les bilans des affrontements démontrent pourtant une toute autre réalité.
A N’Djamena, nul doute que les dirigeants concernés s’accorderont pour accentuer la lutte contre cette pandémie aux nombreux variants que sont l’EIGS, le JNIM et Boko Haram. Les Maliens et toutes les populations des pays ravagés ne comprendraient pas et pardonneraient encore moins à leurs dirigeants que l’on puisse apporter du crédit à la parole de ceux qui ont semé le chaos au Sahel.
Idrissa Khalou
Source: Malijet