Au CICB, dans la salle de conférence, deux membres d’une délégation dont nous tairons la nationalité, faisait cette confidence à l’autre lorsqu’IBK disait dans son discours que François Hollande était parmi tous les Présidents français le plus loyal et sincère, que l’orateur du jour faisait le griot Kouyaté face à Hollande. En revoyant le film du discours d’IBK, effectivement, nous avons eu l’impression que Balla Fasséké parlait à son hôte.
Qui aurait cru qu’un jour, notre Mande-Mansa, se comporterait en griot Kouyaté lors de son discours du 27ème sommet Afrique-France, face à un parterre de chefs d’Etat d’Afrique et de France ?
Ils ont ensuite murmuré que le vieux lion et défunt Banzoumana Cissoko avait raison de chanter que tant que l’homme n’est pas mort, il doit s’attendre à tout voir, à tout entendre et à tout faire.
C’est ce que les maliens viennent de voire au CICB ce 14 janvier 2017 lorsqu’IBK a dit que parmi tous les Présidents français Hollande est le plus loyal et sincère. Nous sommes donc du même avis que ces deux étrangers car nous nous demandons vraiment si le Président et son peuple embouchent dans la même trompette au sujet de Hollande.
Nous croyons en réalité que sur la question de Kidal qu’il y a deux Frances : il y a la France de l’armée française, pour laquelle le ministère de la défense en quelque sorte estime que Kidal comme les autres grandes villes du nord-Mali doivent revenir à l’Etat malien au nom du principe sacro-saint de la souveraineté et l’autre France où la DGSE c’est-à-dire les services secrets français pensent que ce qui est prioritaire c’est le maintien permanent de contact avec un certain mouvement armé du nord du Mali ce qui fait que la question du retour de Kidal dans les rangs reste secondaire pour elle. Nous pensons enfin à une dernière chose : François Hollande est français, il n’est pas malien, il n’a pas conscience de la blessure infligée à l’orgueil national malien.
En Afrique centrale où un certain nombre de chefs d’Etat ont modifié leur constitution soit pour briquer un troisième mandat soit pour être réélus dès le 1er tour Hollande a eu un double langage. Il y a plusieurs exemples vous avez le Tchad, le Congo-Brazzaville, la Guinée Equatoriale, Djibouti et le Gabon bien sûr. Dans tous ces pays, les élections font polémiques depuis 18 mois et où Hollande a pris acte de la réélection des chefs d’Etats qui refusaient l’alternance. Ce n’est pas le même François Hollande qui avait promis quand il était candidat qu’il s’opposerait à toute action, à toute élection frauduleuse à toute violation de la constitution quand il sera président ?
François Hollande, dont nous parlons est le Président de la République française qui face aux intérêts français en Afrique, a sacrifié la démocratie.
Le cas du Congo Brazzaville est là pour l’attester.
C’était le mercredi 21 octobre 2015, lors de la conférence qu’il a co animé avec le Président IBK en visite d’Etat en France, François HOLLANDE a ouvertement approuvé le processus du Référendum prévu au Congo le 25 octobre 2015. Ce Référendum bien maquillé et qui vise soit disant à moderniser les Institutions, n’avaient d’autres enjeux réels que le déverrouillage de la limitation du mandat présidentiel qui était de 2 dans la constitution congolaise. A ce sujet, François HOLLANDE a dit que « Denis Sassou NGUESSO peut consulter son peuple, cela fait parti de son droit et le peuple doit répondre. Ensuite, il faut toujours veiller à rassembler, respecter et apaiser ».
Des déclarations insensées pour les démocrates de la part du président du pays des droits de l’homme, mais des déclarations pernicieuses pour défendre les intérêts de la France au Congo Brazzaville,ces déclarations sont en contradiction avec celle qu’il a tenue au dernier sommet de la Francophonie à Dakar, le 27 Novembre 2014.
Ladite déclaration a été écoutée dans la quasi-totalité des villes et des villages africaines parce qu’elle était très importante aux yeux des démocrates africains et du monde. Selon HOLLANDE en 2014 à la Conférence de la Francophonie à DAKAR, ‟quand on fait voter des peuples pour des constitutions à travers des référendums, on ne peut pas les modifier impunément.
Quand un chef d’état reste au pouvoir plusieurs mandats successifs, en ne respectant pas la limite d’âge et la constitution il doit partir et il ne peut en être autrement ”. Dans un premier temps, Denis Sassou NGUESSO a fait voter le peuple congolais pour une constitution taillée sur mesure, à travers un référendum le 20 janvier 2002, soit cinq ans après sa victoire militaire sur le Professeur Pascal LISSOUBA. Cette constitution était un verrou qui protégeait le peuple congolais contre la dictature. Malheureusement, le François HOLLANDE de 2015 n’a plus le même esprit que celui de novembre 2014.
Par cette déclaration du 21 octobre 2015, il aura fini d’assassiner la démocratie en Afrique et particulièrement au Congo. Cette déclaration est aux antipodes de la déclaration de la BAULE DU 20 JUIN 1990. Ce que HOLLANDE a oublié d’ajouter, c’est de dire que l’acceptation des coups d’états par les peuples relève de leur droit légitime également.
Si François MITTERAND socialiste convaincu qu’il était a instauré le multipartisme, la démocratie et la limitation des mandats en Afrique en 1990, l’autre François fût-il HOLLANDE, les a assassiné en 2015 par la déclaration du 21 Octobre 2015 à Paris.
L’autre Congo du côté de la rive opposée du fleuve Congo c’est à dire la RDC ne se privera pas de s’engouffrer dans la brèche ouverte par Denis Sassou NGUESSO.
Les africains doivent désormais faire le deuil de la démocratie et souhaiter la bienvenue aux coups d’états car on ne peut pas vouloir de la démocratie et sans rejeter la limitation des mandats et l’alternance politique.
Avec cette duplicité et ces nombreux volte-face, peut-on considérer cet homme comme loyal et sincère ? Alors il est loyal et sincère par rapport à qui alors ? En tout cas ce n’est ni par rapport au Mali, encore moins IBK lui-même ?
Pour la circonstance, il fallait qu’IBK utilise, d’autres qualificatifs plus sincères et adaptés. Les deux gars qui étaient assis à côté de moi, des ouest-africains se sont posés la question de savoir si un Keïta, descendant de Soundiata, pouvait faire le griot communément appelé Jali en langue mandingue.
Le plus costumé et élégant s’est posé cette question si toutefois il existe des griots Keïta. L’interlocuteur de dire qu’il a rencontré un à Abidjan chez un ministre de la République en 2004, que le bonhomme était très clair. Il a deviné que c’était sûrement le rossignol du Mandé.
L’autre a dit qu’il y a des griots politiques occasionnels et que pendant certains évènements ils adoptent le langage de grand griot Kouyaté du Mandé tellement les éloges sont surdimensionnées.
En effet, signalons que chez les mandingues, on traite l’auteur d’affirmation gratuite de Kouyaté, auquel échoit le premier rôle de la caste des griots mandingues.
Les griots mandingues, professionnels ou pas ont évolué avec la société et se sont adaptés aux changements intervenus. Aujourd’hui surtout avec l’aide de la politique, ils endossent de nouveaux rôles.
On distingue deux types de griots au mandé : le griot politique (jali) dont le Président IBK a emprunté le rôle au cours de son discours face à Hollande le samedi 14 janvier 2017 et le griot des chasseurs (donson-jeli).
Le jali a l’art oratoire. Cet art est un genre vivant. Les paroles institutionnalisées, malgré une certaine fixité sont adaptées à chaque nouveau public et se renouvellent constamment, dans une variabilité bien connue des hommes politiques. Pour cette fois-ci le public en face de notre Kouyaté était les chefs d’Etat d’Afrique et de France.
On ne peut que remercier IBK pour cette habilité dans l’encensement de Hollande qui a été en janvier 2013, le sauveur du Mali, avant d’être son bourreau.
IBK i KOUYATE!
Badou S KOBA