Les sénoufos peuplent le Sud du Mali, le Nord de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso. Ils ont en partage avec d’autres ethnies des sociétés d’initiation qui préparent les jeunes à la vie d’adulte.
Dans une société sans écriture et sans caste, il est très difficile de fixer avec précision les origines et l’analyse de certaines situations. Les enseignements sont transmis de générations en générations, de familles en familles. Les senoufos occupent le nord de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et le sud du Mali. Ils ont en commun des valeurs culturelles et sociétales.
Pour s’identifier, les premiers senoufos avaient tracé sur chacune de leurs tempes trois traits horizontaux ou scarifications appelés communément balafres. Tous les senoufos ont pour emblème le calao qui est le signe de la fécondité des hommes et de la terre, nous enseigne le traditionnaliste Tiémoko André Sanogo, le chef des Koreduga de la région. Les senoufos de Sikasso ont migré vers Kong et Korogho en Côte d’Ivoire, et vers Banfora au Burkina Faso.
C’est une ethnie qui n’a pas connu la division sociale du travail et donc pas de système de classes sociales. Ce qui fait que l’on ne rencontre pas de caste chez eux. Ils ont en partage avec d’autres ethnies de notre pays des sociétés d’initiation comme : le Komo, le Konon, le Nya, le Namakoro, le Korè, le Ciwara et le Poro. Elles constituent de véritables écoles de la vie de 7 à 77 ans.
Le Poro est une société traditionnelle sécrète d’initiation chez les senoufos. Il constitue une véritable école de formation et d’apprentissage, préparant le jeune senoufo à toutes les épreuves de la vie adulte. L’initiation, faite par ordre de classe d’âge, a lieu dans les bois sacrés. Au cours de cette initiation, nous révèle le directeur du musée régional de Sikasso Mando Goïta, on enseigne aux générations montantes, des connaissances scientifiques comme celles liées aux plantes, aux techniques de la chasse et de la guerre. Ils apprennent aussi l’éducation civique et la morale notamment le respect de la hiérarchie, l’honneur et l’amour de la patrie, le respect de la personne humaine, des ancêtres.
ABONDANCE ET FÉCONDITÉ– Au sortir de l’initiation du Poro dont le fondement ne doit jamais être divulgué aux non-initiés, le jeune senoufo intègre la génération des adultes et devient ainsi un homme accompli. La portée sociale de toutes ces sociétés est la culture de la paix, de l’entraide et de la cohésion. Quant à la société d’initiation Komo que plusieurs ethnies ont en partage, elle se caractérise par son masque appelé « tête de Komo » généralement effrayant qui apparaît lors des fêtes annuelles. Le scénario initiatique est mis en œuvre autour du masque et l’initiation consiste à tester l’état psychologique de l’individu qui doit acquérir les connaissances de l’univers. C’est un moule pour « fabriquer » la conscience psychologique de chaque membre de la société.
Chaque société d’initiation en milieu senoufo marque une étape précise de la vie de l’individu. Ainsi, le Nya est également un culte communautaire, symbole de puissance, d’abondance et de fécondité, selon le directeur du musée régional de Sikasso. Le terme Nya désigne une puissance religieuse précise dont le pouvoir est lié à des objets fabriqués qui doivent être nourris par le sang des animaux sacrifiés. En milieu senoufo, plusieurs femmes en quête d’enfant, se confient au Nya, symbole de la fécondité et sont le plus souvent satisfaites. Selon Mando Goïta, cette dernière ne s’occupe pas de formation comme le Poro, mais plutôt de la sécurisation des personnes et de leurs biens et favorise la procréation et proscrit le vol.
Le Korè est également une société d’initiation qu’on retrouve dans plusieurs sociétés de notre pays. Partout où le Korè existait, tous les garçons devaient être initiés selon un cycle septennal. Le Korè qui est animé par les Korèduga, est le stade ultime d’un véritable cursus éducatif qui visait à construire au niveau du sujet et du groupe, l’identité masculine.
Pour le chef des Korèduga de la Région de Sikasso Tiémoko André Sanogo, il assurait la police dans le village, interdisait les mauvais comportements pouvant nuire à la cohésion et au bien-être et protégeaient les populations contre les envoûtements, la sorcellerie et la violence. Selon lui, il existe 6 divinités en milieu traditionnel qui contribuent chacune à la régulation et à la protection de la société et des populations.
Source: LEssor- Mali’