Partout pullulent les plongeurs en eau trouble, les magouilleurs de haute volée, les requins de la pire espèce, les caïmans aux crocs pointus.
La sueur du peuple s’en va… en fumée ou en larmes.
Misère pour la grande majorité, opulence pour la minorité.
Le Mali va mal, très mal.
La santé est devenue une denrée si rare au Mali que pour se l’offrir, ne serait-ce que pour un mal de dent, il faut rejoindre la Tunisie, le Maroc, la France et les Etats Unis pour la riche minorité. Le pauvre citoyen, peut se contenter des médicaments génériques ou aller au cimetière. Et, lorsqu’on construit un hôpital ou qu’on le réhabilite, c’est une offrande du bon Dieu au pauvre peuple du Mali.
Les décideurs politiques renoncent du jour au jour à sauver durablement l’Ecole malienne.
Leur rhétorique fétiche, c’est non pas de sauver l’Ecole malienne, mais de sauver l’année scolaire. L’école malienne est devenue un temple de l’ignorance.
Et, quels cobayes que ces enfants, entassés comme des sardines, instruits par des enseignants au rabais pour faire monter à la vitesse le taux de scolarisation.
La justice, on peut le dire a été enterrée, et cela par le système actuel. Désormais, comme épitaphe sur le fronton des palais de justice, on peut écrire ces mots : « il fut un temps, ici on rendait la justice. ‘’Ainsi, la raison du plus fort, ou plutôt, du plus riche est toujours la meilleure. »
Au Mali, la Fontaine avait raison quand il disait aussi : « selon que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de la Cour vous rendront blanc ou noir. »
L’administration centrale n’est autre qu’une sombre officine où l’affairisme triomphe au détriment de l’intérêt généal.
Quant à la diplomatie malienne, elle est devenue un serpent sans tête, le pays étant incapable d’exprimer une position claire et souveraine.
Les fleuves sont secs. Le poison a fuit. La faune et la flore sont en grève, et c’est du coup l’environnement qui prend le coup, sans qu’aucune politique réaliste ne soit mise en place.
Le chômage est à son paroxysme, la jeunesse désabusée n’a d’autres alternatives que de fuir.
Et si à l’île de Gorée les noirs en partant pleuraient toutes leurs larmes du fait du déracinement, aujourd’hui, c’est faute de ne pouvoir fuir leur patrie qui fait pleurer les jeunes.
Les mêmes maux d’hier perdurent : gabegie, népotisme, corruption avec en prime l’impunité. Du coup, l’alternative est aujourd’hui entre voler ou être volée.
La corruption s’est généralisée et tel un cancer, elle s’est métastasée et l’impunité aidant, ce n’est plus un cas de délinquance.
L’insécurité est devenue le lot du pays. Ce qui n’est pas surprenant, quand des déserteurs sont réhabilités, des preneurs d’otages sont promus.
Les petits malfrats voient alors l’exemple d’en haut, car « la pintade regarde celle qui la précède. »
Rien ne marche !
Les vrais opérateurs économiques sont à genou, quand les prête-noms prospèrent. Dans un pays classé parmi les plus pauvres du monde, comment se fait-il que des bâtiments poussent comme des champignons. Des fortunes inimaginables tombent du ciel. Ben sûr, les maliens ont oublié que la caverne d’Ali Baba se trouve sur notre sol.
A vrai dire, le blanchiment d’argent reste l’activité majeure d’une certaine catégorie de maliens, ayant en sa possession l’appareil d’Etat.
Les paysans sont spoliés de leurs terres au profit de multinationales. La nouvelle forme de colonisation est en place, avec la complicité de responsables sans foi et sans loi. Des personnes spoliées de leurs terres redistribuées à des amis et d’autres du sérail.
L’injustice du pouvoir n’a d’égal que la façon dont sur un plateau d’argent il a été donné. Et là, il faut avoir le courage de fustiger la lâcheté de nombre de nos hommes politiques qui n’ont jamais voulu assumer leur rôle historique. En démissionnant de cela, ils ont trahi le peuple.
Tout cela est arrivé, parce que les politiques sont sans conviction. Chacun voulant une place et se taire.
Fatalement, la collusion entre un monde politique sans idéal et un monde économique au dessein inavoué a donné naissance à ce que nous voyons actuellement : une monstrueuse désillusion pour les Maliens.
Hinda Traoré
Malick Camara
Source: Le 26 Mars