Le ministre Commissaire à la sécurité alimentaire, Redouwane Ag Mohamed ALI, a présidé hier lundi à Ségou, le lancement des travaux de la première session du Comité d’analyse et d’identification du Cadre Harmonisé des populations en insécurité alimentaire au titre de l’année 2022. C’était en présence du Directeur de cabinet du Gouverneur de la Région de Ségou, Afel Boubacar YATTARA ; du Coordinateur du Cluster sécurité alimentaire et nutritionnelle des partenaires techniques et financiers, Théodore KABORÉ et du Coordinateur du Système d’alerte précoce, Moussa GOITA.
Le Coordinateur du Cluster Sécurité Alimentaire Mali, Théodore KABORÉ, a rappelé que l’année 2022 a été une année particulièrement éprouvante sur le plan alimentaire pour les populations du Sahel, en général, et du Mali en particulier.
« Il y a un an, dans cette même salle, les analyses avaient conclu que plus de 1,8 million de Maliennes et de Maliens feront face à une insécurité alimentaire aiguë pendant la période de soudure qui vient de s’achever. Cela reflétait un niveau d’insécurité alimentaire jamais atteint au Mali depuis le début de l’exercice du Cadre harmonisé. Cette situation aurait pu être pire si nous n’avions pu tenir la mise à jour de mars 2022. La même mise à jour dans les pays voisins (Niger et Burkina Faso) a entraîné une hausse des personnes en insécurité alimentaire de 22% et 31% respectivement entre les projections de novembre 2021 et mars 2022 pour la soudure 2022. L’absence de cette mise à jour a sans doute porté préjudice à la qualité de la réponse aux plus vulnérables », a expliqué M. KABORÉ, avant de saluer le leadership et l’engagement du Gouvernement à conduire cet exercice, avec l’appui des partenaires techniques et financiers.
Le Coordinateur a saisi l’occasion pour expliquer que le Cadre harmonisé est un outil fédérateur qui permet de faire une analyse pertinente, consensuelle, rigoureuse et transparente de la situation alimentaire et nutritionnelle courante et projetée. Aussi, préconise-t-il, de classifier la sévérité de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et de déterminer les populations en besoin d’assistance alimentaire d’urgence. Ce qui fait dire à Théodore KABORÉ que le Cadre harmonisé est un outil central permettant de faciliter la planification de la réponse aux crises alimentaires.
Le ministre Commissaire à la sécurité alimentaire a tout d’abord expliqué que le Mali, à l’instar des autres pays de l’Afrique de l’Ouest et du CILSS, s’est engagé depuis quelques années, à travers le SAP, dans un processus d’harmonisation des méthodologies d’évaluation de l’insécurité alimentaire appelé Cadre Harmonisé.
En tant qu’outil fédérateur, dit-il, le Cadre harmonisé use d’une méthodologie fondée sur l’analyse pertinente et consensuelle des données issues d’évaluations faites dans l’ensemble du pays et pendant des moments bien précis.
Selon lui, les principaux intrants de cette évaluation consensuelle sont les résultats issus de l’évaluation de la situation alimentaire selon le Système Expert du SAP ; les résultats obtenus à travers l’outil Analyse économique des ménages ; les résultats de l’Enquête nationale sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle (ENSAN) ; les résultats de l’enquête SMART ; les analyses des marchés agricoles ; les observations satellitaires de la production végétale.
Aux dires du ministre Redouwane Ag Mohamed ALI, ces informations sont préalablement passées au crible et validées au cours de différents ateliers de restitution.
« Les résultats de la campagne agro-Sylvo-pastorale sont des facteurs contributifs importants, influant sur les principaux indicateurs de résultats, donc indispensables à l’évaluation de la situation alimentaire et nutritionnelle dans notre pays. A cet effet, les informations de la campagne agro-Sylvio- pastorale 2022-2023 déjà recueillies à notre niveau, font état d’une pluviométrie globalement suffisante pour les cultures malgré un démarrage un peu mitigé dans le sud du pays ; d’une crue assez forte entraînant des noyades au niveau de certaines rizières à submersion libre et contrôlée le long des cours d’eau du Niger, Bani, Sourou ; d’une bonne inondation des frayères dans le delta central favorable à la production halieutique et autres ; d’une bonne reconstitution de la biomasse fourragère », a informé le ministre Commissaire à la sécurité alimentaire.
Il a affirmé avec satisfaction que la pluviométrie favorable a permis un bon déroulement de la campagne agricole et présage de bonnes perspectives de récoltes dans le pays.
Par contre, sur le plan pastoral, le ministre a fait savoir que la soudure 2021-2022 a été difficile dans les zones de concentration du cheptel, particulièrement dans le sahel occidental et dans les régions de Tombouctou et Gao à cause des déficits d’aliments bétails.
De même, il a fait savoir que la biomasse est abondante avec un niveau largement supérieur à celui de l’année dernière et bien meilleure à la moyenne interannuelle des 5 dernières années.
« Malgré ces conditions climatiques, l’insécurité et les conflits communautaires n’ont pas permis l’exécution correcte des travaux agricoles dans certaines zones du centre et du Nord-Est du pays, avec de nombreux déplacés internes. Aussi, l’insécurité persiste et s’installe au centre du pays dans des zones où les populations peinent à se relever des difficultés antérieures », a déploré le ministre Commissaire à la sécurité alimentaire, Redouwane Ag Mohamed ALI.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin