Mme Traoré Mariam Sangaré alias Sista Mam est une chanteuse, auteure-compositrice et interprète. Sista Mam a débuté la chanson à bas âge dans leur chambre avec sa sœur Queen Mamy. Mais professionnellement c’est seulement en 2010 qu’elle a fait sortir son 1er album intitulé ‘’AFRIQUE’’ qui a cartonné à l’époque. Elle est aussi une chanteuse qui a été bercée par la musique par ses parents qui sont des mélomanes de la musique (reggae, blues, musique mandingue, rock and roll, etc.). Elle a deux (2) albums à son actif et le 3e est en pleine phase de préparation. Sista Mam est la Directrice du Festival Mali Reggae qui est à sa 13e édition cette année. Titulaire d’une Maitrise en Droit Public International, Mme Traoré Mariam Sangaré est mariée, mère de famille. Lisez l’entretien qu’elle nous a accordé.
LE COMBAT : Parlez-nous de votre parcours musical
Sista Mam : J’ai commencé professionnellement la musique en 2010 avec la sortie de mon 1er album « AFRIQUE ». Sinon J’ai été bercé par la musique parce que mes parents sont des mélomanes de la musique que ça soit du reggae, du rock and roll, du blues, de la musique mandingue, ils écoutent un peu de tout. Donc, la musique est vraiment une culture qui fait partie de la vie Sista Mam. Ensuite, dans mon enfance, on a créé un groupe de jeunes filles, on faisait juste de la chorégraphie, de la danse jusqu’à un certain moment. Après j’ai intégré un groupe de rap où j’étais la seule fille avec trois (3) garçons. Je ne rappais pas, mais je chantais juste des refrains. Ensuite, j’étais obligée de continuer avec les études. Car, c’était le contrat avec ma maman qui me disait ceci : «Je ne m’oppose pas à ta carrière musicale ; mais, avant j’aimerais que tu me donnes ton Diplôme de fin d’Études. Si tu finis avec les études, il n’y a pas de problème, tu peux faire tout ce que tu veux dans ta vie et je ne m’y opposerai pas ». Alors, j’ai continué à chanter avec ma sœur Queen Mamy, on avait de grands matos à la maison avec des micros qu’un oncle se faisait le plaisir de nous offrir. À chaque fois qu’on gâtait un micro, il nous rapportait un autre. Et il s’appelait Tonton Doucouré Boukary. Avec Mamy, on interprétait les Artistes américains, maliens, africains, etc. Progressivement, on a continué comme ça jusqu’au Lycée et à l’Université. Et, en 2005, j’ai fait une reprise de la chanson « Wari bana » d’Alpha Blondy de la Côte-d’Ivoire. À l’époque, j’étais Animatrice d’une émission Reggae à la «Radio Kayira», il y avait un studio en bas de la Radio Kayira où j’ai enregistré ladite chanson parce qu’il disait qu’Alpha Blondy devrait faire un concert ici et c’est un Monsieur pour qui j’ai beaucoup d’admiration. Pour moi, cette chanson allait me permettre de me rapprocher de ce méga star du reggae. Malheureusement, le concert d’Alpha Blondy a été annulé à la dernière minute et je ne sais pas pourquoi.
En 2006, j’ai enregistré un autre sygole, ce n’était pas juste un sygole ; je voulais enregistrer un album avec le même frère qui a enregistré la chanson « Wari bana » et dans cet album il y avait ma chanson « AFRIQUE », il y avait beaucoup d’autres chansons comme « Djôya » ; une chanson dédiée à ma Maman que j’appelais « Maman » tout simplement, une autre « La vie est un combat » à travers le train-train quotidien que nous vivons. Voilà un peu à quoi cet album devrait ressembler. Mais, une année après, le Monsieur qui avait commencé l’enregistrement a tout simplement disparu de Bamako, je ne sais pourquoi et je ne sais où il est allé ; car, jusque-là je n’ai pas de ses nouvelles. Donc, on a mis le projet de la sortie de l’album en veilleuse. En 2007, j’ai mis en place mon premier groupe de reggae ; je n’y étais pas seule ; il y avait des frères du Cameroun, du Congo, de la Côte-d’Ivoire qui vivaient ici au Mali. C’est avec eux, et ma sœur Queen Mamy qui était le Manager du groupe. Le groupe s’appelait ‘’Akilima Root’’ et à l’époque venait de s’ouvrir ici espace Exo dix où le groupe se produisait chaque samedi soir. Mais, bien avant, en 2005, j’ai intégré le choral catholique chrétien Ban Antoine, avec le seul but de m’améliorer davantage, de perfectionner ma voix ; car, nous savons tous que les grandes stars passent tous par des chorals.
Combien d’albums avez-vous sur le marché discographique malien ?
Pour le moment, j’ai deux albums AFRIQUE et AMINAKO. Le 3e sortira très prochainement qui s’intitule TRONE DE JAH composé de quinze (15) titres.
Quel est l’objectif de la musique reggae, selon vous ?
Le reggae d’abord est une musique de conscientisation, de combat et se met au service du Peuple. Ce que le Peuple pense tout bas le reggae le dit tout haut afin qu’il y ait de changement dans la cité et pour que les choses marchent comme ça se doit . Voilà la mission du reggae man dans la société et la place du reggae. C’est de dénoncer, d’informer, de conscientiser, de sensibiliser et d’éduquer.
Qu’est-ce que la musique représente pour vous ?
La musique représente tout pour moi. Sans la musique dans ma vie, je crois que je ne serais pas un être humain parce que quand je suis triste et que j’écoute la musique j’oublie ma tristesse. Quand je suis malade et que j’écoute la musique, je guéris immédiatement. Donc, la musique coule dans mes veines, c’est comme mon sang, elle est en moi et si tu me sépares de la musique c’est que tu veux ma mort tout simplement.
Quels sont les thèmes abordés dans vos chansons ?
Je me focalise beaucoup plus sur l’éducation. La plupart de mes chansons sont taxées sur l’éducation ; car, l’éducation est la fondation de l’être humain. Une personne mal éduquée ne peut rien faire de bon dans sa vie ; j’aime beaucoup parler de l’éducation et j’aime évoquer les droits de l’enfant surtout parce que l’enfant est très important à mes yeux, j’aime beaucoup les enfants. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons une émission sur les contes qui est diffusée tous les samedis soirs sur une télé de la place. Nos anciennes histoires dont je raconte aux enfants avec les belles chansons. Tout ça, c’est pour aider ces enfants à grandir et à être des meilleures personnes pour demain.
En réalité, ici au Mali nous avons besoin de créer de nouvelles personnes pour notre pays ; c’est bon pour le développement du Mali et il nous faut nous combattre pour qu’il y ait de l’éducation dans notre pays.
Aujourd’hui, quelle sera la contribution des artistes dans le processus de paix et de réconciliation nationale au Mali ? Précisément, la vôtre?
Nous, on a déjà commencé ce combat il y a longtemps. À travers Mali Festi Reggae, nous sommes à notre 13e édition. Et chaque année nous choisissons des thèmes que nous développons avec nos Spécialistes, nos intellectuels pas uniquement des Rastas. Donc, que ça soit des Professeurs d’Universités, des Médecins, en tout cas nous parlons toujours de paix. Peut-être, ce n’est pas de la même manière que les politiciens et si vous étiez à la soirée de clôture de Mali Festi Reggae il y avait tous les âges, des différentes personnalités ; on pouvait trouver aussi bien des Dogons, des Tamasheq, des Peulhs… L’année dernière, lors de la 12e édition du Festival, nous l’avions placé sur le signe de l’Unité Nationale, on est allé même loin que le Gouvernement, nous parlions du processus de paix et de réconciliation nationale; on a dit Unité Nationale tout comme Bob Marley a chanté dans Africa United et nous avons dit « Le Mali, unis-toi ». Et dans cela on a tout. En 2016, on a fait un titre SOLUTION et dans ce morceau je parle exactement de ce que Ras Bath vient de faire avec le CDR de la concertation nationale où l’on a invité le Président de la République à organiser des journées de concertations nationales populaires et lors de ces concertations dans la chanson je demande à ce qu’on invite nos anciens Chefs d’État et les compagnons du défunt Président Modibo Kéïta. C’est avec ces personnes que nous pouvons trouver une solution de sortie de crise ; car, ils ont tous leurs expériences sur le problème du Nord et ils ont tous signé des accords avec ceux-ci.
Quel message fort avez-vous à l’adresse du Peuple malien pour la paix et la cohésion sociale ?
Je dirais aux Maliens de se parler, de s’écouter et de s’accepter ; car, un pays où il y a la guerre ne ressemble à rien. Donc, il faut que les Maliens se donnent la main, ouvrent les yeux parce qu’on a été longtemps berné et manipulé par certains politiciens. Il est temps pour nous Maliens d’ouvrir les yeux et de nous battre pour nos droits. Les élections arrivent, nous devrons être très vigilants pour la personne que nous allons choisir pour nous diriger pendant les 5 ans à venir, c’est très important. Il est temps que l’on arrête de prendre les tee-shirts, les tissus, les 2000 et 5000FCFA et quand on a un candidat en face il faut qu’on ait le courage de lui demander son programme de société, qu’on essaye de savoir sa sincérité parce qu’il y a beaucoup de Politiciens malhonnêtes au Mali, malheureusement. Pour ça, je compte beaucoup sur la jeunesse et sur les femmes qu’ils soient vigilants et responsables pour les élections futures ; car, pour les 5 ans à venir, il faut que le Mali commence vraiment à sortir la tête ; qu’on voit enfin le bout du tunnel. Trop c’est trop !
Propos recueillis par Mariam Sissoko
le combat