Après la signature de l’Accord de paix issus du processus d’Alger, les Maliennes et Maliens avaient poussé un petit ouf de soulagement car au bout, il y avait la perspective de ressusciter un vivre ensemble mise à mal par un conflit fratricide qui s’était durablement installé entre frère du même pays. Une année après cette signature, cet immense espoir se trouve ébranlé d’une part par la lenteur de la mise en œuvre des accords et d’autre part, par le silence de la communauté internationale face à l’irrédentisme de la CMA. On se rappelle que l’Onu a voté une résolution visant à consacrer l’unicité du Mali. Mais à ce jour, le drapeau Malien ne flotte pas sur l’ensemble du territoire par le fait de la CMA.
Et cela ne suscite la moindre réaction de la part de la communauté internationale. L’appellation Azawad qui devait faire l’objet d’un consensus pour désigner les régions du nord est unilatéralement adoptée par la CMA. Après plusieurs passages des leaders de la CMA dans la capitale, les autorités du Mali sont toujours des personnes non grata à Kidal. De l’ouverture des hostilités à la signature des accords, les écoles, les services sociaux de bases dans toutes les zones du nord sont inexistants au vu et au su de tous. Ces faits en grande partie amputables à la CMA ne sont peut être pas des violations des accords de paix, mais ils ne sont pas de nature à favoriser la paix tant souhaitée par les uns et les autres.
Il est certainement plus facile d’intimer l’ordre à l’Etat Malien de respecter ses engagements et de rompre tous liens avec le groupe d’auto-défense GATIA que d’exiger le respect d’une résolution des Nations Unies et l’application des droits humains à la CMA. Priver un enfant de l’éducation, c’est fouler au pied un droit fondamental qui s’inscrit en bonne place dans la déclaration universelle des droits de l’Homme !
Devant autant de largesses, on peut légitimement parler de protection de la part de cette communauté internationale, prompt à bondir sur tous les cas de violation de droits ou de dispositions relevant des prérogatives des Nations Unies. La libre circulation des personnes, le droit à l’éducation, le respect des résolutions sont autant de dispositions chères à la communauté internationale que son silence parait douteux.
Quand l’esprit va chercher du bois, il ramène le fagot que lui plait dit-on. La sanctuarisation du nord en général et de Kidal en particulier par l’allergie de la CMA à toute présence des autorités de Bamako dans ces zones, donne naissance aux rumeurs les plus folles. La tolérance de la communauté internationale face aux situations suscitées renforce ces rumeurs. Selon une bonne partie de l’opinion nationale, Kidal serait l’eldorado des narco trafiquants, des exploitants de ressources minières et des trafiquants d’armes. Les djihadistes ne seraient que la partie visible de l’iceberg.
Aujourd’hui, le peuple du Mali est meurtri dans sa chaire par ce conflit fratricide. Les pouvoirs publics ont consenti tous les sacrifices pour le retour de la paix. Il est grand temps que la communauté internationale joue pleinement sa partition (en adoptant une attitude impartiale à l’égard de tous les acteurs) pour mettre fin à cette crise qui a fait couler beaucoup de sang sur notre sol. Aujourd’hui, la communauté internationale affiche une attitude sélective qui prolonge le conflit malgré ses déclarations de bonnes intentions et ses discours d’espérance. Il est souhaitable de nos jours que la communauté internationale soit avec le Mali et non aux cotés du Mali.
Bouba Sankaré
Source: Le Forum