L’économie du Botswana est dominée par les exportations de minerais et de viande bovine. L’exploitation minière qui a éclipsé l’agriculture, est devenue le secteur prépondérant du PIB au milieu des années 70, et dès 1996 il représentait 36% du PIB total alors que l’agriculture atteignait à peine 3,4%. Le secteur de l’élevage à lui seul représente presque 70% de toutes les exportations agricoles (et 4% des exportations totales de marchandises).
Ce pays enclavé d’Afrique australe a bâti son avenir sur une administration démocratique, stable, compétente, et peu corrompue c’est pour cela qu’il est régulièrement placé au premier plan des pays africains en matière de gouvernance et de transparence. De 1961 à 1997 (36ans) il a connu en moyenne un taux de croissance de plus de 7,5% par an. Ce qui a aidé le Botswana, c’est qu’il a des diamants (troisième producteur mondial). Dans d’autres pays comme la Sierra Leone, la RDC, le Libéria, … cette abondance y a nourri la corruption et a engendré des élites privilégiées qui se sont entre-déchirées pour le contrôle des richesses. Grâce à l’exploitation rationnelle de ses mines de diamants et à la bonne gouvernance de ses dirigeants, le Botswana est devenu un modèle, cité en exemple par de nombreux observateurs occidentaux.
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En effet, ce pays a réussi aujourd’hui parce qu’il a su maintenir un consensus politique fondé sur l’inclusivité. Ce consensus, indispensable au bon fonctionnement du contrat social entre gouvernants et gouvernés, avait été soigneusement élaboré par l’État avec la coopération de conseillers extérieurs issus de diverses institutions publiques et de fondations privées dont la Fondation Ford. Ces conseillers ont aidé le Botswana à mettre au point une stratégie d’avenir. À la différence de ceux du FMl (Fond Monétaire International), qui négocient essentiellement avec les Ministères des Finances et les banques centrales, ces conseillers expliquaient franchement et ouvertement leur politique quand ils œuvraient avec le gouvernement à obtenir un soutien populaire aux projets et aux mesures prévues. Ils en discutaient avec les hauts responsables du pays dont les ministres et les parlementaires tant dans le cadre de séminaires ouverts qu’en tête-à-tête.
Depuis 1981, le Botswana n’a jamais plus sollicité le FMI tant l’aide des conseillers extérieurs (indépendants de ceux des institutions financières internationales) avait joué un rôle dans le succès du pays. Il n’aurait pas réussi comme il l’a fait s’il avait maintenu son contrat initial avec le cartel du diamant sud-africain. En 1969 trois ans après l’indépendance celui-ci avait payé au Botswana 20 millions de dollars une concession de diamants qui rapporterait 60 millions de dollars de profit par an.
Autrement dit, il avait récupéré le capital investi en quatre mois. Un avocat brillant et dévoué envoyé par la banque mondiale au gouvernement du Botswana préconisa énergiquement de négocier le contrat à un prix plus élevé. Consternation des intérêts miniers ! De Beers (le cartel du diamant Sud-africain) s’efforça d’expliquer que le Botswana était trop gourmand. Il exerça toutes sortes de pressions politiques qu’il put au sein de la banque mondiale pour stopper l’avocat.
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Et il finit par obtenir une lettre qui disait clairement que celui-ci ne parlait pas au nom de la banque mondiale. C’est bien pour cela que nous l’écoutons, répondirent les responsables botswanais. Finalement la découverte d’une seconde grande mine de diamants donna au Botswana la possibilité de renégocier globalement ses rapports avec le cartel. Le nouvel accord a jusqu’ici bien servi les intérêts du pays et lui a permis de maintenir de bonnes relations avec De Beers.
Notre pays dispose des gisements aurifères similaires au cas (diamant) botswanais. A défaut de pouvoir remettre en cause les concessions minières en exécution, pour « réaménager le nid d’aigle sans se faire crocher », le Mali doit concevoir une politique minière qui s’appliquera à toute nouvelle concession minière et d’hydrocarbure. Avec une telle approche, tout est possible. En renonçant, en cette période de crise, à remettre en cause les contrats en exécution, nous évitons toute confrontation devant un tribunal d’arbitrage. Par contre pour les concessions futures (86 % du potentiel national malien) nous devons concevoir et appliquer une stratégie minière de passage de la pauvreté à la prospérité. S’il manque à notre peuple l’intelligence, la volonté et le courage d’un tel sursaut patriotique, alors les maliens ne jouiront jamais des retombées de l’exploitation des ressources minières. Nous continuerons à faire de la croissance sans développement.
Source: Bamada.Net