« Le plus grand producteur d’or en Afrique, n’a pas son marché national fourni » s’attriste le chercheur Pr. Abdoulaye Niang. Le pays produit en moyenne entre 55 et 65 tonnes d’or par an depuis 2015 mais il n’est pas rare de constater que le marché intérieur n’en voit pas la trace. Ces questions ont été au cœur du salon international de l’or organisé par « Afrik’or ».
L’or du Mali ne brille pas pour les bijoutiers sur le marché malien, encore moins pour le Mali. L’embarras sonne le glas chez plusieurs bijoutiers « pour avoir 4 grammes d’or en une journée, c’est tout un tas de problèmes. Nos clients nous échappent souvent à cause de la rareté voire du manque de l’or sur place. C’est pourquoi, certaines femmes préfèrent acheter directement leur métal jaune ailleurs qu’ici, précisément dans les émirats arabes unis » se désole Adama Kanté, bijoutier, qui cherche à comprendre, comment : « l’or acheté dans ces pays est censé être de bonne qualité pour ces femmes, alors que son origine est le Mali ».
Son étonnement pose la problématique du raffinage de l’or malien au Mali. Une équation vieille de plusieurs années, mais sans solution. L’expérience avait été tentée à travers la raffinerie Kankou Moussa. Mais sans succès ! Pourtant, cette industrie de raffinage n’est pas un investissement modique car, elle a « une capacité de raffinage de 150 kg d’or par » assure son directeur, Moussa Dolo, mais le raffinage de l’or au Mali reste difficile. Pourtant, la raffinerie avait « proposé 49% de participation à différents gouvernements. Sans réponse, encore moins positive » se lamente M. Dolo, qui persiste et signe que « le Mali est le premier producteur d’or en Afrique ».
Le président de la raffinerie Kankou Moussa, Dario Littera, ne s’en mécontente pas moins, alors que seule l’alternative du raffinage de l’or au Mali, pourrait prouver aux maliens, toute la splendeur et toute la richesse de l’or du Mali. M. Dario argumente. Pour lui, les pays comme la Suisse, ou les Emirats Arabes Unis, ne sont pas « naturellement » riches en métal jaune, mais ils le sont pourtant dans leurs comptoirs d’or, grâce aux industries de raffinage dans ces pays, et lesquelles attirent de l’or dans ces pays.
« Combien de grammes d’or produit la Suisse ? » se demande-t-il, avant de répondre : « Zéro !», sous la grande surprise de l’assistance. Il poursuit. « Combien de gramme produit l’Emirats arabes unis ? encore « Zéro (gramme) » répond le président de KMR.
Pour lui, ces pays ont eu l’intelligence d’investir dans de hautes industries de raffinage, pour pouvoir capter la richesse des réserves importantes en or. Et cela, au grand dam de grands pays producteurs, qui n’ont encore pas compris la nécessité d’investir dans le raffinage sur place. « Pourquoi on part vendre l’or à Dubaï ? Et pourquoi les ressortissants de Dubaï ne viennent pas acheter l’or ici sur place ? » se demande-t-il, avant d’étaler les pertes qui en subviennent « Si on a notre marché fourni, les expatriés viendront acheter l’or ici sur place » gage-t-il, et avec tous les bénéfices, d’un « or certifié, avec un label ». Si tel n’est pas le cas, les pertes du métal jaune qui se transportent vers Dubaï, pourraient constituer de perte de richesses tirées de l’or, et plusieurs dividendes, comme les recettes fiscales.
Face à cette situation lamentable, les autorités de transition, à travers un ministre volontariste des mines, Lamine Seydou Traoré, pourraient-elles mettre fin à ce couac infernal et historique, en mettant en posant des jalons qui pourraient redonner vie à la raffinerie Kankou Moussa, afin que l’héritage légué par cet empereur qui a illuminé le monde par sa richesse en or, puisse continuer à servir mieux ses héritiers.
Ousmane Tangara
Source: Bamako News