« Pourquoi et comment acheter un poisson dans l’eau sans l’avoir proprement capturé ? »…. « Pour rien au monde, je n’achèterais un cheval sans m’être, au préalable, assurée de ses performances athlétiques ». Voici quelques-unes des phrases de plus en plus prononcées par les filles, exprimant ainsi, de vive voix, leur réticence à épouser un homme sans s’être d’abord convaincues de sa virilité sexuelle.
Pour ces filles de la nouvelle génération, le sexe avant le mariage, semble « prioritaire » sur tout autre aspect de l’homme à épouser, car, « c’est fondamentalement ce pour quoi nous quittons le domicile parental pour rejoindre le foyer conjugal », disent-elles sans gêne. « Les temps ont changé et les mariages forcés sont révolus. La floraison actuelle des cas d’impuissance sexuelle chez les hommes, nous oblige à tester leur santé virile avant de les épouser », s’est lâchée, Mounia, une étudiante à la Flash. « Epouser un homme à l’aveuglette et, ensuite, se rendre compte de ses rendements sexuels médiocres, pourrait tôt ou tard m’amener à regretter mon mariage, au pire des cas, demander le divorce », a-t-elle enfoncé le clou.
Une approche émancipatrice des femmes qui choque les gardiens de la culture ancestrale
Cette approche, plus ou moins révolutionnaire, des filles émancipées, notamment, celles de Bamako, va frontalement contre les « vieilleries ancestrales », selon leur propre expression. Elles trouvent que certaines exigences de la civilisation ancestrale ont « trop opprimé » la femme au profit de valeurs sociétales n’ayant pourtant favorisé aucun développement social concret, ajoutent-elles. « Donc, il faut briser les chaînes et évoluer », s’est exclamée, Bintou.
La sexualité a toujours été un phénomène tabou, surtout, dans un pays aussi conservateur que le Mali. Presqu’aucune des composantes sociologiques participant à la formation de la personnalité au Mali, ne s’articule véritablement autour d’une éducation sexuelle digne de ce nom. Cette absence d’éducation qui prédispose l’individu à d’énormes dégâts psychosexuels, est très souvent responsable de nombreux problèmes de couple. En plus, le fait qu’aucune structure thérapeutique viable, n’existe au Mali pour accompagner les couples dans la résolution des questions sexuelles responsables de plusieurs brisures de foyer, ne fait qu’empirer les déséquilibres conjugaux liés à la non-maîtrise de ces questions libidinales qui, en vérité, se veulent le socle de toute stabilité intraconjugale.
« Nous remarquons que de plus en plus d’hommes sont régulièrement confrontés à des problèmes d’insuffisance sexuelle. C’est pourquoi, ils sont couramment obligés de s’adonner à la consommation de certains produits aphrodisiaques pour atteindre des performances sexuelles optimales au lit. Mais s’ils venaient à se marier, que feront-ils ? Resteront-ils contraints à utiliser chaque soir ces produits avant de pouvoir procurer de la satisfaction à leur épouse ? », s’est interrogée Haoua, une jeune célibataire au quartier Dar-Es-Salam. « Aujourd’hui, les raisons de nombreux cas de divorce, même si elles ne sont pas très souvent dévoilées, sont dues au fait que certains hommes ne foutent rien au lit », poursuit-elle. « N’accusez toujours pas les femmes, cherchez aussi le problème chez les hommes », dit-elle en conclusion.
Les femmes révoltées par le silence coupable de la société
Quelques spécialistes maliens de la médecine clinique que nous avons contactés, ont, d’une certaine manière, donné raison à ces filles qui se préoccupent ostensiblement du bon état de fonctionnement sexuel de leur futur époux. « Les jeunes d’aujourd’hui s’adonnent difficilement aux activités sportives qui, pourtant, leur permettraient de maintenir un très bon rythme sexuel. Un homme qui, par exemple, fait régulièrement du jogging, a largement plus d’endurance sexuelle que celui-là qui ne s’adonne quasiment à aucun exercice sportif», nous a confiés, un urologue en activité à l’Hôpital Gabriel Touré.
Houleymatou, au quartier Magnambougou, s’est révoltée en ces termes : « Si je prends le risque de me marier à un homme impotent sans préalablement chercher à vérifier l’état de sa virilité, à qui irais-je me plaindre par la suite ? Devant qui aurais-je le courage d’exprimer ma souffrance ? Qui serait auprès de moi dans mon foyer pour partager mes peines ? En tout cas, si on ne peut pas s’essayer une ou deux fois au lit pour que je puisse mieux te découvrir, je ne me vois pas en train de prendre le moindre risque pour un quelconque mariage pour les seuls beaux yeux de ma famille ou la société».
Chacun, de son côté, pourra certainement apprécier la question en sa propre façon. Mais, une chose reste certaine : tout comme les hommes qui, dans un passé lointain, exigeaient d’entretenir des rapports sexuels avec leurs futures épouses avant de valider leur mariage, ce sont paradoxalement de plus en plus de filles qui, de nos jours, exigent de « mieux découvrir » la virilité des hommes avant d’accepter leur proposition de mariage. Cela, disent-elles, pour éviter d’être « désagréablement surprises »
Source: La Sirène