Une semaine après les inondations qui ont affecté certaines localités du Mali, les secours tardent à arriver aux sinistrés, en particulier ceux de la zone rizicole de l’Office du Niger dans la région de Ségou.
À l’Office du Niger, tous les villages ou presque des zones rizicoles ont subi les inondations. Mais ce sont les localités de Macina et de Niono qui frôle le pire.
En effet, les populations des villages de ces deux communes sont sinistrées et sont sans abris. Tellement que leurs maisons ont été envahies par les eaux qui ont débordé les canaux d’irrigation des plaines rizicoles. Les aides et dons de toutes natures des donateurs, suite à ces séries d’inondations au Mali ne convergent que vers les sinistrés de Bamako. Pendant ce temps les sinistrés dans les zones Office du Niger sont abandonnés à leur triste sort. En plus de cela, les populations de Macina et de Niono affirment n’avoir reçu aucune autorité de la région à leur chevet, a fortiori d’avoir, le moindre copeck des fonds débloqués par le gouvernement pour les besoins de la cause.
En effet les populations expriment leur désagrément issu du geste de leurs compatriotes en détresse. Elles indiquent qu’il serait insupportable de voir les sinistrés de Bamako et de ses périphéries s’accaparer des subventions alors que toutes les populations des localités de Macina et de Niono sont dans la détresse. Car jusqu’ici, aucun geste des autorités encore moins des ONG, n’a été reçu dans ces localités de Ségou.
Jusqu’au samedi dernier, les familles, selon leurs dires, n’ont reçu que des agents de la Direction Régionale du Développement Social et de l’Économie Solidaire de Ségou qui sont venus faire des évaluations en moustiquaires et en motos-pompe pour évacuer l’eau des maisons vers le canal d’irrigation, mais point de nourriture, de couvertures, de matelas et d’objets domestiques. « À part cette délégation, aucun responsable de la région ni un élu n’est venu nous voir, à plus forte raison nous faire un geste à ce jour. Nous pataugeons dans la boue et les regards des égouts sont obstrués et refoulent les eaux qui rentrent à l’intérieur de nos maisons. Et cela, parce que tout simplement les canaux d’irrigation ne sont pas entretenus par l’Office du Niger », indiquent des habitants en colère. D’autres enchaînent en faisant savoir que s’ils ont pu tenir le coup jusqu’ici, c’est grâce à la solidarité de leurs proches et voisins. « Depuis le jour de l’inondation, aucun responsable n’a daigné se pencher sur notre situation dramatique ; on fait comme si de rien n’était alors que plusieurs familles ont subi de sérieux dommages, pendant que d’autres à Bamako sont hébergées provisoirement chez des proches ». Effectivement, le spectacle qui s’offre aux yeux des visiteurs ne fait que confirmer le désarroi et la détresse des nombreux sinistrés. Dans les localités de Macina tout comme à Niono, les rues sont complètement inondées par l’eau et des gravats charriés par les crues provenant du canal proche. Seuls quelques habitants, munis de moyens rudimentaires, tentent d’évacuer l’eau de leurs concessions, mais l’accès reste tout de même difficile. Il faut se munir de bottes pour pouvoir y accéder et même les charrettes ont du mal à circuler le long des ruelles qui offrent un spectacle de désolation. Pratiquement, tous les canaux d’irrigation au niveau des périmètres de l’entreprise chinoise dans le village de M’Bewani sont obstrués, ce qui est d’ailleurs visible de l’extérieur, dès lors que l’eau coule du canal pour rentrer dans les concessions.
« J’ai perdu tous mes biens domestiques mais je n’ai reçu aucune aide des autorités locales. Les promesses sont restées lettre morte », lâche un père de famille au bord de la dépression. Sa déclaration résume le sentiment qui prédomine au sein de la population des zones rizicoles de l’Office du Niger après le malheur « un de plus » qui s’est abattu sur ces villages défavorisés. En fait, tous les sinistrés dont le nombre pourrait dépasser les 8.907 familles dans ces deux localités de Macina et de Niono, ont l’impression d’avoir été abandonnés à leur triste sort sans aucune assistance de l’État. Ils pointent également du doigt tous ceux qui ont toléré des constructions le long et autour des canaux d’irrigation de l’Office du Niger qui a débordé après les fortes pluies en ce mois de septembre.
« La catastrophe aurait pu être évitée si le lit de ce cours d’eau était normalisé et donc protégé contre les crues. Mais, de ce côté-là, les responsables locaux ont fermé les yeux et laissé les choses pourrir sans s’inquiéter outre mesure du danger qui guettait et guette toujours les riverains », déclarent encore les sinistrés. C’est d’ailleurs pourquoi, les populations de Macina et de Niono ont tenté d’intercepter, le convoi de la Direction Régionale du Développement Social et de l’Économie Solidaire de Ségou qui était en visite dans certaines zones inondées de l’Office du Niger. Toutefois, elles sont arrivées à évoqués à cette délégation leurs préoccupations.
Jean Pierre James
Source: Nouveau Réveil