Les entreprises demandent à l’Etat des mesures et facilités propres à les aider à se relever des effets néfastes des troubles politiques et sécuritaires
La salle de conférence du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) a abrité la semaine dernière, les travaux de la 7ème assemblée générale ordinaire d’information de l’Organisation patronale des entreprises de la construction au Mali (OPECOM). La cérémonie d’ouverture était présidée par le ministre de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement, Mamadou Hachim Koumaré, en présence du secrétaire général du ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat, NGolo Coulibaly, et d’un parterre de chefs d’entreprise et de responsables des organisations professionnelles partenaires, évoluant dans le secteur des BTP.
Le président de l’OPECOM, Ismael Diallo, a situé l’exercice dans le contexte, de la relance d’un secteur que la profonde crise sociopolitique de mars 2012 a mis à genoux. Le secteur, note-t-il, est enfoncé dans un gouffre financier et ne peut s’en échapper pour repartir à la conquête des marchés. Et cela pour deux raisons principales. Le premier défi est d’ordre organisationnel et la solution revient à la profession elle-même car il s’agit là d’un problème de gouvernance des entreprises. Le second est relatif à l’accès aux marchés publics et au financement bancaire. La solution de ce problème est du ressort de l’Etat à qui incombe d’apurer à 100% la dette intérieure. Cet apurement doit inclure les agios bancaires et les intérêts moratoires prévus par le code des marchés publics.
Ismael Diallo a réclamé le dédommagement des entreprises de construction victimes des différents événements survenus dans le pays depuis 2012 (occupation du nord, coup d’Etat, etc.). Il revient, de son point de vue, à l’Etat de favoriser la participation des entreprises nationales aux travaux de construction nationale en prenant des mesures pour revoir à la baisse les conditions d’éligibilité aux marchés comme les montants des chiffres d’affaires, le montant des lignes de crédits, l’expérience.
Le président de l’OPECOM a surtout insisté sur la nécessité d’obliger les multinationales à s’ouvrir aux entreprises nationales en sous-traitance, notamment à concurrence de 30 à 40% des marchés. « Il n’est un secret pour personne que l’essentiel du financement de nos infrastructures de développement, notamment les routes, les ponts et barrages, nous viennent de l’extérieur. Et les bailleurs de fonds exigent que l’exécution des travaux soit confiée aux entreprises de leurs pays. Du coup, 50% de ces marchés échappent à nos entreprises », a-t-il fait remarquer.
En plus, a proposé le patron de l’Organisation patronale des entreprises de la construction au Mali, le gouvernement doit encourager le regroupement des entreprises nationales en prenant en compte le cumul de leurs chiffres d’affaire et d’autres critères de qualification comme le personnel, le matériel et l’expérience. Il a plaidé pour la mise en place, à moyen terme, d’un programme de construction du pays à travers un fonds d’équipement des régions, des cercles et des communes pour l’aménagement des terres agricoles, la construction des routes, des hôpitaux, des écoles, des industries de transformation des produits locaux en vue d’améliorer la qualité de vie des populations.
Ismaël Diallo a aussi évoqué la création d’une société de location de matériel de travaux publics capable de répondre aux besoins des entreprises nationales pour l’exécution des différents marchés sur le plan national et sous-régional, la mise en place d’un fonds du BTP pour faciliter le crédit aux entreprises nationales et réintroduire le métier de tâcheron dans la catégorisation des entreprises.
Le cri du cœur du président de l’OPECOM a visiblement été entendu par le ministre Mamadou Hachim Koumaré qui a donné des gages d’une bonne collaboration et d’un soutien sans faille à la profession. « J’ai écouté avec beaucoup d’attention vos préoccupations, les difficultés auxquelles votre organisation est confrontée, notamment le non paiement des arriérés de certaines de vos entreprises par l’AGEROUTE. Je puis vous assurer que nous avons donné des instructions pour que dans les plus brefs délais ces arriérés soient payés et que de telles situations soient évitées à l’avenir », a-t-il assuré. S’agissant de l’accès aux grands travaux par l’abaissement des critères de qualification, il a marqué la disponibilité de l’Etat à ouvrir des facilités aux entreprises nationales. « L’Etat ne peut pas continuer à s’endetter sans que les effets escomptés de cet endettement ne bénéficient à son économie à travers ses entreprises », a souligné le ministre.
Mamadou Hachim Koumaré a aussi assuré de la disponibilité des pouvoirs publics à s’associer à l’organisation des assises des BTP, au cours desquelles des réflexions seront menées pour permettre au secteur de jouer pleinement son rôle dans le développement de notre pays. Le Mali, a-t-il estimé à ce propos, ne saurait atteindre un taux de croissance de plus de 7% sans des investissements dans le secteur des BTP.
A. O. DIALLO
source : L Essor