En raison de la sécheresse et des violences jihadistes qui ont empêché les paysans de cultiver leurs champs, le Niger est menacé par une “insécurité alimentaire sévère”.
Le Niger a décidé de provoquer “des pluies artificielles” face à la sécheresse qui a engendré cette année une sévère crise alimentaire dans ce pays aride où 80% de la population dépend d’une agriculture pluviale. Cette technique “d’ensemencement des nuages” permet d’augmenter les précipitations dans les régions agricoles touchées par la sécheresse.
Ensemencer les nuages
Ces “pluies provoquées” consistent, à l’aide d’un avion, à introduire dans les nuages des produits chimiques, notamment un mélange d’argent, de sodium et d’acétone.
L’ensemencement des nuages est une technique délicate qui ne fonctionne qu’avec certains types de nuages et qui peut avoir des conséquences négatives sur l’environnement. L’ouest du pays, dont la région de Niamey, ont bénéficié des premières interventions début août, après plusieurs semaines sans pluies. L’opération se poursuivra jusqu’à fin septembre, période habituelle de la fin de la saison des pluies au Niger. Le climat dans ce pays est de type sahélien, caractérisé par une longue saison sèche de 8 à 10 mois et une courte saison des pluies qui dure de 3 à 4 mois, de juin à septembre.
20% de la population en insécurité alimentaire
“Il fallait agir sur ce problème de sécheresse” afin d’avoir “beaucoup plus de jours de pluies et augmenter par la même occasion la quantité des pluies”, a expliqué Katiellou Gaptia Lawan, directeur de la météorologie nigérienne qui pilote l’opération avec le consortium malien Ibi Air. Il souligne qu’il y a au Niger “beaucoup de séquences sèches prolongées qui perturbent le développement des cultures et des pâturages”. Selon lui, les interventions ponctuelles doivent donc surtout cibler des zones de cultures ou de pâturage, lorsque celles-ci connaissent “de longs répits pluviométriques”. Alors que le pays compte plus de 52 millions de têtes de bétail. L’élevage fait vivre une grande partie de la population du nord du pays.
Selon les autorités nigériennes, plus de 4,4 millions de personnes sont déjà en insécurité alimentaire “sévère”, soit environ 20% de la population. Le taux de malnutrition aiguë chez les enfants risque d’être de 12,5%, dépassant le seuil d’urgence de 10% fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
“Les experts prévoient que, d’ici 2100, la température augmentera de 3°C à 6°C, aggravant les problèmes de sécurité alimentaire, de raréfaction de l’eau mais aussi les conflits et les crises humanitaires”, prévient la Banque mondiale.