Comme elle le fait toujours sur des sujets d’intérêts nationaux, l’artiste Rokia Traoré s’est, dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, prononcée sur le scrutin du 29 juillet. Comme beaucoup de Maliens, elle a des inquiétudes quant à la crédibilité du scrutin du 29 juillet et a invité le président IBK à donner des réponses sur les questions de procurations, du fichier électoral, de la corruption de la Cour Constitutionnelle…
« L’acte que pose l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle au Mali en demandant « des comptes » suite aux présumés dysfonctionnements du processus électoral est porteur d’espoir pour la société », écrit-elle sur sa page Facebook.
Pour l’artiste Rokia Traoré, si le Mali pouvait se diriger avec un peu plus de rigueur et de principes, un peu moins de corruption et d’égocentrisme, nous y gagnerions tous.
A l’en croire, la fracture qui existe aujourd’hui de manière paradoxale et destructrice entre les politiques et les électeurs prend sa source dans le comportement peu exemplaire de nos leaders. « Ceux qui ont été relativement honnêtes sont coupables au moins de ne pas savoir communiquer avec le peuple de manière respectable et responsable », dit-elle sans état d’âme.
A ses dires, des faits inacceptables ont été prouvés ces dernières années. Comme exemple, elle cite le cas des hauts fonctionnaires de l’Etat qui se filment en ayant des rapports intimes dans les bureaux de l’Etat, dans le cadre de relations extra-conjugales ; des journalistes intimidés dans l’exercice de leur fonction.
S’agissant de l’élection présidentielle, elle estime que les Maliens sont inquiets et que le président sortant, IBK, doit prendre ces inquiétudes en compte. « Ni l’âge ni le rang social ni le titre ne peut permettre à un président de la République de mépriser les inquiétudes, l’impuissance et tous les malheurs des habitants du pays qu’il dirige », déclare-t-elle.
Ce que Rokia Traoré demande à IBK
Selon l’artiste Rokia Traoré, les Maliens sont inquiets et le président candidat peut mettre fin à leurs inquiétudes. Pour cela, elle lui demande de rassurer les Maliens : que cette liste des villes où le vote n’a pu avoir lieu le 29 juillet passé existe et la rendre publique ; qu’il n’y ait pas eu d’utilisation frauduleuse de procurations alors qu’il avait été signifié que le vote par procuration ne pouvait être permis en raison de la situation de corruption incontrôlable dans le pays ; rassurer qu’il n’a pas corrompu la Cour constitutionnelle. « Nous voudrions une réaction de Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta qui nous demande de lui redonner un mandat pour cinq autres années », a-t-elle sollicité.
Parlant de la question de la corruption de la Cour constitutionnelle, l’artiste Rokia Traoré estime que sa simple déclaration de démenti ne suffit pas. Il doit y avoir une enquête judiciaire. « Vous voulez que nous mettions tous sur les réseaux sociaux des preuves de nos problèmes avec des juges véreux au Mali ? », pose-t-elle la question.
Par rapport au choix du candidat, elle est très claire : « Nous voulons choisir celui qui réussira à refaire de la vérité, l’intégrité et le travail des valeurs respectables et respectées dans notre pays ». Ce n’est pas tout, au nom des millions de Maliens qui sont sans voix, Rokia Traoré laisse entendre : « Nous sommes nombreux à ne pas vouloir des grosses sommes d’argent ou des postes favorables à l’enrichissement illicite ; nous sommes nombreux à simplement vouloir pouvoir travailler ». Et de préciser qu’il est devenu impossible de faire profiter notre pays de nos savoir-faire sans entrer dans le système de corruption.
Avant de terminer, elle invite IBK à répondre aux questions de ses adversaires. « Si nous nous trompons, si nous pouvons vous faire confiance, prouvez-le-nous en répondant aux questions de la quasi-totalité de vos adversaires, autres candidats à cette élection présidentielle », a-t-elle demandé.
Boureima Guindo
Source: Le Pays