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Santé en Afrique, chaque contribution financière compte !

Les femmes, les adolescents et les enfants sont les premiers à souffrir d’une dégradation de leurs conditions de santé en raison du changement climatique. Mais, selon Christina Chilimba, ce n’est pas une fatalité.

En matière de crise climatique, mon pays, le Malawi, est en première ligne. Au début de l’année, le cyclone Freddy a ravagé nos villes et nos villages, faisant de moi le témoin de scènes dramatiques qui resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Ce cyclone a été dévastateur : de nombreuses personnes y ont perdu la vie, et tant d’autres ont vu la leur bouleversée.

Les droits sexuels et reproductifs, que nous avions pourtant durement acquis au fil des ans, ont été balayés également par cette catastrophe : les inondations provoquées par le cyclone ont coupé l’accès à la contraception, les maisons ont été emportées par les eaux, précipitant les populations dans des camps de réfugiés où beaucoup vivent encore. Et lors de crise, la priorité est rarement donnée à la satisfaction des besoins des adolescentes. Avec des conséquences terribles pour nous, jeunes femmes : nos vies peuvent basculer et notre avenir être compromis à tout jamais. Je voudrais donc partager trois leçons tirées du cas du Malawi, que tous les gouvernements devraient pouvoir prendre en compte.

Leçons malawites

Premièrement, lorsque survient une crise, la santé sexuelle est bien souvent laissée de côté parce qu’elle n’est pas considérée comme essentielle. Au Malawi, nous constatons déjà une augmentation des grossesses non désirées chez les adolescentes et des mariages d’enfants à cause du cyclone. Ces jeunes se retrouvent littéralement privés de leur potentiel. La triste vérité, c’est que ce manque de contraception coûtera au Malawi beaucoup plus cher en soins de suivi que ne l’auraient fait des mesures préventives.

Deuxièmement, il est désormais clair que l’on ne pourra pas faire face aux enjeux climatiques et aux enjeux sanitaires en les isolant les uns des autres. Si nous voulons construire un avenir meilleur, nous devrons nécessairement considérer ensemble l’impact du changement climatique sur la santé sexuelle et reproductive. C’est pourquoi les différents secteurs doivent travailler ensemble. C’est bien ce que nous a montré le cyclone Freddy : la santé sexuelle n’est pas seulement une question de santé ; c’est aussi une question d’éducation, de climat et de protection sociale.

Troisièmement, ma génération – celle des jeunes d’aujourd’hui – sera le véritable moteur de notre économie. Nous sommes également la première génération dont la vie sera influencée par le changement climatique et le groupe le plus impacté par les enjeux liés aux droits reproductifs. Notre continent a l’une des populations les plus jeunes du monde : 60 % des habitants ont moins de 25 ans. Au Malawi, 42 % de la population a moins de 15 ans. Pourtant, trop souvent, la voix des femmes et celle des jeunes sont ignorées par les autorités politiques qui décident de leur avenir. Une plus grande représentation des femmes et des jeunes à tous les niveaux politiques influencerait fortement les allocations budgétaires en faveur des droits sociaux et de la santé reproductive. Les jeunes connaissent mieux leurs propres problèmes que ceux qui élaborent les politiques en leur nom. Il ne s’agit pas de cocher des cases pour affirmer intégrer les jeunes au débat public. Il s’agit de faire réellement participer les jeunes, qui comprennent leurs problèmes et qui peuvent apporter des solutions, en tant qu’experts dans leur domaine.

Réunir 800 millions de dollars d’ici à la fin de l’année

J’ai fondé une organisation appelée All for Youth au Malawi, soutenue par le GFF (Global Financing Facility ou Mécanisme de financement mondial pour les femmes, les enfants et les adolescents), lequel est hébergé par la Banque mondiale. Le GFF reconnaît qu’en impliquant les femmes et les adolescents, les gouvernements sont en mesure de créer des systèmes de santé solides qui rendent des comptes aux personnes qui les utilisent. Ce partenariat entre All for Youth et le GFF permet non seulement d’autonomiser les groupes marginalisés, mais aussi d’améliorer durablement l’accessibilité et la qualité des soins de santé dans l’ensemble du pays.

Je sais que le gouvernement français est un ardent défenseur du climat et du bien-être des femmes et des filles. En partageant mon expérience malawite, je peux témoigner de l’importance pour les gouvernements d’affronter ces sujets à bras-le-corps et du caractère stratégique du GFF pour y parvenir. De nombreux donateurs, y compris européens, partagent cette vision et soutiennent déjà le GFF, qui a lancé une campagne de mobilisation, conduite par la Côte d’Ivoire, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Banque mondiale, visant à lever 800 millions de dollars d’ici à la fin de l’année. Je tiens ici à appeler la France à rejoindre cette grande coalition de donateurs et ce partenariat qui a fait ses preuves dans nos pays et qui pourrait nous aider à aller encore beaucoup plus loin.

Alors que nous voyons le changement climatique dévaster notre pays et la vie de nos jeunes, il est important, plus que jamais, de permettre aux femmes et aux enfants de se développer pleinement pour assurer leur avenir. Il s’agit du meilleur investissement qu’un pays puisse réaliser.

jeuneafrique

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