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Santé de la reproduction : quand la désinformation empêche les femmes à se planifier

La planification familiale (PF) est un moyen efficace pour espacer les naissances, contrer les grossesses non désirées, éviter la mortalité maternelle et infantile. Elle participe en un mot à l’épanouissement de la femme. Au Mali, la planification Familiale fait l’objet de beaucoup de discussions. Dominée par la désinformation et les préjugés, la vraie information sur les méthodes PF a tendance à ne pas être prise en compte. Pour en savoir plus sur ce phénomène, nous nous sommes approchés de quelques experts et quelques femmes. Lisez l’article.

« Moi je ne vais jamais adopter la Planification Familiale, car selon les informations, cela peut disparaître dans le corps et par la suite, tu ne pourras pas avoir d’enfant. Si je tombe enceinte je garderai l’enfant ». Ou encore « Chaque année j’accouche, les gens me demandent d’utiliser la méthode PF mais je ne vais pas le faire. Ces femmes qui me disent cela sont jalouses de moi car je fais plus d’enfants qu’elles ». Ce sont entre autres les déclarations ressortant de l’idéologie des femmes et filles qui n’ont jamais utilisé les méthodes PF. Mais aussi faut-il dire que la désinformation a pris le dessus.

Par contre, une qui a préféré garder l’anonymat réagit en ces termes « Cela fera bientôt 7 ans que j’ai adopté la PF, et je n’ai pas eu de problème. Donc pour moi c’est un meilleur moyen de se protéger, car dans la société d’aujourd’hui beaucoup de délinquants circulent donc en cas de viol cela permet d’éviter les grossesses non désirées ».

Selon Ramata Traoré Sage-femme à la direction générale de la santé et de l’hygiène publique (DGSHP), la cause principale de la désinformation liée à la planification familiale c’est faible niveau d’éducation. Elle ajoute aussi que les causes peuvent aussi être d’ordre socio-culturel et aussi liées à l’inaccessibilité de l’information.

« Dans d’autres cultures, il est strictement interdit de parler de la PF car pour elles, ce sont des pratiques imposées par les occidentaux pour réduire le nombre des Africains.  D’autres aussi pensent qu’en utilisant les méthodes PF ça provoque des maladies dangereuses pour limiter l’espérance de vie des Africains » laisse entendre Ramata Traoré avant d’ajouter que toutes ces informations sont « fausses » et sont diffusées pour empêcher aux femmes  d’utiliser les méthodes contraceptives.

D’après les dires du Dr Ben Moulaye Idriss, Directeur de l’Office Nationale de la Santé de la Reproduction (ONASR), tout n’est pas lié à la désinformation. «Il y a d’autres femmes qui veulent adopter les méthodes contraceptives, mais manquent des ressources nécessaires pour se procurer les méthodes PF» indique-t-il.

A en croire le Dr Ben Moulaye Idriss, c’est au regard de cet aspect que le gouvernement a préconisé la gratuité de la PF pour permettre à toutes les couches de la société d’y avoir accès.

Selon l’article 14 du protocole à la charte Africaine des droits de l’homme et des peuples relatifs aux droits des femmes, les Etats doivent assurer le respect et la promotion des droits de la femme à la santé y compris la santé sexuelle et reproductive. Ils doivent assurer aussi le libre choix des méthodes de contraception, et le droit à l’éducation sur la planification familiale à toutes femmes.

C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé Ramata Traoré de la DGSHP en rappelant que les méthodes PF sont des moyens efficaces qui permettent à la femme d’espacer les naissances, et ainsi de vaguer à d’autres occupations.

« Les femmes doivent adopter la méthode PF pour maintenir leur santé et celle de leur enfant. Une femme qui ne respecte pas l’espacement de naissance peut conduire ses enfants dans le tableau de malnutrition, ainsi ralentir la croissance de ses enfants » laisse entendre Mme Ramata.

Quant à Dr Ben Moulaye il indique  que « Les méthodes contraceptives sont aussi un moyen efficace pour tout pays qui souhaite faire face à la mortalité maternelle et infantile».

Pour pouvoir lutter efficacement contre la désinformation liée à la planification familiale, la sage-femme de la DGSHP propose ceci « Il faut scolariser les filles et sensibiliser les populations. Surtout les leaders communautaires et les organisations de la société civile. Si on arrive à convaincre ces différents leaders, cela contribuera beaucoup à la lutter contre la désinformation liée à la PF et poussera les femmes à aller vers les centres de santé et se faire planifier ».

Rappelons que selon les indicateurs 2021 sur le partenariat pour Ouagadougou concernant la planification familiale, grâce à l’adoption des méthodes contraceptives plus de 324000 grossesses non désirées ont été évitées ainsi que plus de 116000 avortements à risque. A cela s’ajoutent plus de 13000 décès des mères évités au Mali en 2021.

Tioumbè Adeline Tolofoudié

Ce reportage est publié avec le soutien de JDH et FIT en partenariat avec WILDAF Mali et la Coalition des OSC/PF.

Source: LE PAYS

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