Depuis quelques temps, des opportunistes sont à l’œuvre avec comme slogan «la prolongation de la transition», dont le délai a été fixé à 18 mois par la Charte de la transition adoptée lors des concertations tenues à Bamako en septembre 2020. Alors que nous nous approchons de la fin de ce délai, nous assistons de plus en plus à la recrudescence des manifestations lors desquelles les initiateurs multiplient les appels à la prolongation de la transition en cours. Une manière subtile de demander aux autorités de la transition de transgresser un délai fixé par le peuple souverain du Mali et entériné par la communauté internationale.
«Chasser le naturel, il revient au galop », dit-on. Cet adage semble bien traduire le comportement des Bamakois, en général, et des jeunes, en particulier, qui voient dans chaque changement de régime une opportunité de se faire valoir et de se faire une place au soleil.
Ces organisations, qui poussent comme des champions partout, ont des pratiques bien connues au Mali qui rappellent bien de mauvais souvenirs.
Au crépuscule du régime IBK, face aux appels à la démission du président, les soutiens du régime avaient créé de leur côté la Convergence des forces républicaines (CFR), avec le résultat qu’on connaît.
Contre toute attente, à la chute du régime, des figures connues de la CFR se sont retrouvées au sein du Mouvement Populaire du 4 Septembre pour soutenir le CNSP, les militaires putschistes.
Après la dissolution du CNSP, ces opportunistes semblent trouver un nouveau terrain de chasse, à savoir la prolongation de la transition.
Cette idée sur la prolongation a été soufflée par le chérif de Nioro. Lors d’un de ses traditionnels sermons vendredi, il s’était montré favorable à une prolongation de la transition de deux à trois ans pour permettre aux militaires de poser les soubassements de Mali-Koura.
Mais, de plus en plus, la question est devenue une revendication publique de la part de certaines organisations de jeunes, de femmes, voire de partis politiques et des organisations de la société civile.
Ainsi, le week-end dernier, des manifestations ont été observées à Ségou, Nioro avec comme seul mot d’ordre : la prolongation de la transition.
Egalement, la fin du mois de juillet a été marquée par des manifestations au cours desquelles cette question était à l’ordre du jour. C’est le cas du meeting de soutien à la Transition, ce samedi 31 juillet 2021, au Monument de la Paix, organisé par les ambassadrices de la paix venues de plusieurs localités du pays.
Le mouvement Mali Espoir, à l’occasion de sa toute première conférence de presse, tenue à la maison de la presse, le samedi 7 août 2021, dit « oui » à une prolongation de la transition dirigée par le Président de la transition le Colonel Assimi GOÏTA.
C’est également le cas du Collectif pour la Défense des Militaires (CDM), le Front pour l’Emergence et le Renouveau au Mali (FER MALI).
Pour défendre la même cause, d’autres manifestations sont prévues à Bamako.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette mobilisation est contraire à la volonté exprimée, jusque-là, par les autorités de la transition. Le président de transition, le Colonel Assimi GOITA, lors de son investiture, en juin dernier, et le PM, Choguel Kokalla MAIGA, lors de sa présentation du PAG au CNT, en fin de mois dernier, ont clairement tranché la question : «il n’y aura pas de prolongation de la transition».
Alors, on se demande d’où vient cette ferveur soudaine pour la prolongation de la transition ?
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin