Dans une Déclaration conjointe laconique, en date du 7 décembre dernier relative à l’arrêté du gouverneur du District interdisant les manifestations publiques à caractère politique sur certains lieux et itinéraires au centre-ville à Bamako, le FSD, la COFOP et l’Adéma-Association, disent «prendre à témoin l’opinion nationale et internationale, Ibrahim Boubacar KEITA et son gouvernement porteront l’entière responsabilité des conséquences qui découleront de la violation du droit de manifestation publique», en référence notamment à la marche du 8 décembre. Une insulte à l’intelligence humaine ! A la limite c’est de l’irresponsabilité.
En effet, dans la même Déclaration conjointe, les leaders de ces regroupements politiques qualifient non seulement l’arrêté du gouverneur d’illégal, car violant la Constitution du 25 février 1992, mais également de provocation. Et d’enfoncer le clou en soutenant que « Cet arrêté est inacceptable. Nous le rejetons. Nous le condamnons avec la dernière rigueur. Nous maintenons notre mot d’ordre de marche pacifique pour le samedi 8 décembre 2018».
Au Mali, la liberté de manifestation est un droit constitutionnellement garanti. En la matière, la loi est très claire : l’article 18 de la Loi 00-045 du 07 juillet 2000, portant charte des partis politiques précise : « Les marches ou meetings de protestation ou de soutien, par rapport à une décision ou à un acte de l’autorité publique, ne sont pas soumis à une autorisation préalable. Cependant, les organisateurs sont tenus d’informer les autorités compétentes. Les organisateurs assistent l’autorité publique dans le maintien de l’ordre. Ils sont tenus pour responsables de tous actes et comportements de leurs militants dommageables à la sécurité des personnes et des biens, à condition que les faits reprochés soient juridiquement établis ».
En revanche, cette liberté de manifestation est soumise à une déclaration préalable auprès de l’administration qui apprécie et est chargée de la police du maintien de l’ordre, c’est-à-dire d’encadrer la manifestation par des mesures de protection. Mais si cette dernière estime que la manifestation est de nature à troubler l’ordre public, elle peut l’interdire par une décision qu’elle motive et notifie immédiatement aux principaux intéressés. Dans ce cas, l’administration est l’autorité d’interdiction et non d’autorisation.
Alors, en quoi la responsabilité des conséquences découlant d’une manifestation, malgré son interdiction formelle de l’autorité administrative, mais maintenue, peut incomber au Président IBK et son gouvernement ?
Après avoir eu le courage de défier les pouvoir publics, en envoyant des innocents au charbon, pour des intérêts personnels sordides, visant à déstabiliser le pays, l’opposition radicale devrait surtout avoir le courage d’assumer la responsabilité de ses actes.
Mais hélas, c’est là où Soumi, Tiébilé, Mariko et Moussa Sinko ont toujours failli. La preuve : ils ont tous brillé par leur absence à la marche mais également, comme toujours, peinent à se présenter au chevet de leurs camarades d’infortune blessés et arrêtés.
En tout cas, le président du FSD, chef de file de l’opposition radicale, n’a pas fait mystère de ses vraies prétentions, à l’issue de récente rencontre avec les leaders religieux et coutumiers de Bamako, qu’il est disposé à accepter la main tendue du Président IBK, mais à condition de voir ce qu’elle contient, à savoir sa part à lui d’abord, avant d’entamer le dialogue.
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin