En France, la polémique fait rage sur un projet de loi destiné à lutter contre l’islam radical et les « séparatismes » initié par le Gouvernement. L’onde de choc de cette initiative est ressentie à Kidal qui y va de sa manif anti-française. Pour des factieux indécrottables, n’importe quel bouton actionné permet de mettre en branle, au quart de tour, les professionnels de la rue. C’est connu.
Qu’on malmène les dispositions de la République, telles les mesures de distanciation sociale, il n’y a pas lieu de s’en émouvoir, parce que comme le dirait l’autre : ‘’à Kidal les mesures barrières contre la covid-19 sont naturellement respectées par le faible effectif des manifestants’’.
Par contre, ce qui est davantage abracadabrantesque, cette fois-ci, c’est l’instrumentalisation religieuse des enfants contre la France, après leur instrumentalisation politique contre leur propre pays, le Mali. Il est affligeant de voir des adultes se couvrir le visage, derrière le voile et les écriteaux, alors que des enfants innocents sont placés en première ligne d’une agitation à laquelle ils ne pigent probablement que dalle !
Tout autant aberrant ce slogan brandi : ‘’le peuple ici considère la France comme une puissance coloniale’’. C’est connu que la taille de la population de ce bled est étroite ; mais la poignée de trublions aperçue ne devrait pas avoir la prétention d’incarner ‘’le peuple’’. D’ailleurs, aucune fraction du peuple ne peut en avoir la prétention.
Les contestataires pathologiques ne portent pas de gants pour accuser : ‘’la France tue les musulmans parce qu’elle les déteste et considère l’Islam comme une religion de haine’’. Le constat est que ce discours est une ritournelle vendue partout. Vrai ou faux ? Le bon sens voudrait qu’on s’abstienne de commenter des sujets d’une telle sensibilité qui pourrait provoquer une réaction à fleur de peau.
Mais l’on pourrait tout juste faire une piqûre de rappel : quand le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) a chassé le MNLA qui s’est dispersé en Mauritanie, au Burkina-Faso, c’est la France, à travers l’Opération Serval, qui est allée le réinstaller à Kidal, après avoir faussé compagnie aux FAMa à Gao. En sus, c’est la France qui a laïcisé un mouvement d’origine et d’obédience jihadiste pour qu’il intègre l’Accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali du 18 juin 2013. En ce moment, personne ne parlait de canardage aux motivations religieuses. Juste une question d’honnêteté intellectuelle.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN