L’information émane de notre confrère de « L’Indépendant », dans sa parution d’hier mardi : une grande journée de réconciliation sera célébrée le 21 septembre prochain, au CICB, avec les présidents GMT, AOK, ATT, Dioncounda et IBK pour « un pardon national ».
Cette cérémonie de pardon est l’initiative conjointe du président de l’Union des jeunes musulmans du Mali (UJMMA), Macky BAH, et celui du Comité de la jeunesse protestante, Timothée POUDIOUGOU.
L’initiative n’est pas mauvaise en soi, puisque le « pardon » est un acte « hautement salutaire » dans notre culture traditionnelle comme dans les deux religions, l’islam et le christianisme, qui sont pratiquées par la majorité de la population même s’il s’agit plus de syncrétisme que de fondamentalisme dans la pratique cultuelle.
Mais, le premier hic, c’est la démarche même qui a conduit à ce processus de pardon : « Qui a exprimé ce besoin de pardon ? Les sieurs BAH et POUDIOUGOU ou le peuple malien ? ».
Si c’est MM. BAH et POUDIOUGOU, qui les a mandatés pour ce faire ?
Si, au contraire, c’est le peuple malien, il y a lieu de s’interroger sur la façon dont il a été consulté pour ce faire.
Le second hiatus, si on peut parler ainsi, c’est qu’une faute avouée, comme le dit l’adage, est à moitié pardonnée.
Dans notre cas de figure, quelle est « la grave faute commise et reconnue » par les présidents GMT, AOK, ATT, Dioncounda et IBK pour « justifier » un pardon national, le 21 septembre 2013, au CICB?
Sauf à être adepte du syllogisme des révolutionnaires français : « Nul ne peut régner impunément. Or, Louis a régné. Donc, Louis est coupable ».
Sinon, à ce qu’on sache, seul GMT été jugé par deux fois pour « crimes de sang et crimes économiques » même si sa « responsabilité matérielle » n’a jamais été prouvée dans les deux procès qui ont été intentés contre lui en 1992.
« Qui a tiré et qui a donné l’ordre de tirer » sont des questions restées sans réponses à ce jour, sans compter qu’aucun compte bancaire n’a été découvert en Suisse au nom de GMT après 23 ans de règne malgré une mission expresse dépêchée sur place par la justice malienne sur ordre des « démocrates convaincus et patriotes sincères » qui ont été si compétents dans la gestion de l’Etat en 20 ans que le pays a perdu le contrôle sur 2/3 de son territoire national neuf mois durant en 2012 et que le système a fabriqué à la pelle des fonctionnaires milliardaires au nez et à la barbe des commerçants réduits à la sous-traitance pour les marchés publics.
Néanmoins, GMT avait accepté de s’asseoir à la même tribune que ses « tombeurs » ATT et AOK à la faveur des festivités du cinquantenaire du Mali (1960-2010), après avoir accordé une interview fleuve à l’ORTM qui n’a jamais été diffusée pour lui permettre de donner sa version des faits en ce qui concerne les événements de mars 1991, mais aussi au peuple malien de mieux asseoir sa religion sur les dits éléments.
Le faux bond est venu, ce jour-là, du président AOK qui a boudé la cérémonie et est même monté à Koulouba, pour la première fois depuis 2002, pour aller le signifier de vive voix à ATT dont la promesse phare en la matière n’a pu être tenue par voie de conséquence : réconcilier le Mali avec ses 50 ans de vie politique tumultueuse.
En ce qui concerne ATT, comment peut-on lui pardonner alors qu’il n’a posé aucun acte de contrition, ni de remords pour le malheur qu’il a infligé au peuple malien comme jamais auparavant dans son histoire millénaire, préférant plutôt se la couler douce à Dakar avec quelques escapades mondaines à Las-palmas ?
Quant à IBK, il ne s’est pas encore installé à Koulouba pour lui appliquer le syllogisme cité plus haut, à moins de vouloir le condamner par anticipation pour une faute qu’il sera amené à commettre infailliblement.
En tout état de cause, MM. BAH et POUDIOUGOU ne doivent pas perdre de vue les enseignements d’un proverbe malien, s’ils ne veulent pas voir leur entreprise vouée à l’échec : jôli te kènèya nèn kan (la plaie ne se guérit pas sur du pue).
Par Seydina Oumar DIARRA-SOD
Source: info-matin