La friperie, autrefois perçue comme des vêtements pour des modestes personnes, connaît un essor phénoménal ces dernières années au Mali en général et à Bamako en particulier. En toute saison, aujourd’hui, elle séduit le grand public de tous âges. L’achat et la vente de vêtements d’occasion ne sont plus seulement une alternative économique, mais également un acte engagé pour l’environnement et la durabilité. C’est dans cette optique que notre rédaction s’est intéressée au sujet et est allée à la rencontre de certaines vendeuses qui se frottent bien les doigts en cette période de fraicheur.
La friperie ou ‘’Yougou-Yougou’’ , à savoir des vêtements de seconde main connaît une popularité grandissante pendant ces dernières années. Loin d’être réservée maintenant pour une frange (avec des revenus modestes) de la population car ce sont toutes les couches qui s’y intéressent sans gêne ni honte. En 2023 une étude a révélé que plus de 40% des jeunes adultes entre 18 et 34 ans achètent régulièrement des vêtements d’occasion (Friperie). Les raisons en sont un mélange de considérations écologiques, économiques, mais aussi un désir de se distinguer par des pièces uniques étant donné qu’on y trouve beaucoup de marques originales.
Hadiaratou Coulibaly, âgée de 25 ans, une vendeuse de friperie dit choisir ce commerce pour sa passion pour la mode. « Je voulais aussi me détacher de la fast-fashion, qui pollue beaucoup. J’ai commencé à acheter dans les friperies il y a deux ans, et j’ai vraiment été surprise par la qualité et l’originalité des pièces. C’est devenu une véritable passion. Aujourd’hui, j’ai ma propre boutique de friperie qui marche beaucoup parce que chaque deux jours je fais sortir de nouvelles balles », témoigne-t-elle.
Si les magasins physiques continuent de prospérer, la montée en puissance des plateformes en ligne dédiées à la vente de vêtements d’occasion est bien perceptible. Et cela a fait que la vente de fripe a explosé. Des sites comme Vinted, Tik-tok, et Facebook ont permis aux utilisateurs de vendre et d’acheter des vêtements facilement, tout en créant une communauté de passionnés, notamment avec le partage de contact qui a fait booster le secteur.
Aicha Cissé, vendeuse sur Tik-tok depuis 2 ans a souligné que ce commerce est un vrai business pour elle. Non seulement ça l’aide à désencombrer son placard, mais également elle tire bien son épingle du jeu. A l’en croire, elle offre à d’autres des pièces de qualité. « …C’est tellement gratifiant de voir quelqu’un porter un vêtement que j’adore » s’est-elle réjouie.
Selon le client Amadou Diarra, c’est plus avantageux de porter des fripes sans pour autant dépenser. « C’est économique, écologique et en plus, on y trouve des trésors ! Ce n’est plus un phénomène réservé aux étudiants ou aux personnes à petit budget. De plus en plus de personnes prennent conscience des enjeux environnementaux et choisissent de ne plus participer à la surconsommation » a déclaré M. Diarra.
Anna Cissé, une étudiante de 21 ans affirme son désir pour la mode. Avec son petit budget, il arrive à bien se styler grâce à la friperie. « Acheter les habits d’occasion est une excellente solution, et j’adore le côté unique des vêtements. On ne trouve jamais deux fois la même pièce, et cela me permet de créer des looks qui me ressemblent vraiment » soutient l’étudiante. Abondant dans le même sens qu’Anna Cissé, Fatoumata Maïga, étudiante de 20 ans a exprimé aussi sa passion pour la mode. Pour elle, acheter des vêtements d’occasion lui permet de sortir des sentiers battus et de créer des looks uniques à elle. De son avis, c’est excitant de chiner et de découvrir des pièces qui ont toute une histoire.
La friperie, une solution contre le grand froid
Faut-il reconnaitre que les fripes offrent également un autre avantage non négligeable précisément la possibilité de se protéger contre le froid et son corollaire de vent harmattan. Loin de suivre les tendances de la fast-fashion, beaucoup de consommateurs trouvent dans les friperies un moyen de trouver des habits lourds contre le froid tout en se créant un style qui leur est propre.
« Il est impossible pour moi de payer des pullover, jacket et costume neufs en cette période de vache maigre pour se protéger contre le froid, c’est pourquoi je viens m’approvisionner en friperie pour moi-même et mes enfants » a confié M. Traoré, un enseignant contractuel de son état. Comme lui, plusieurs personnes se tournent vers la friperie, non seulement pour des raisons économiques, mais aussi par conviction. La vente et l’achat de vêtements d’occasion ont créé un changement profond dans la manière de consommer des Maliens. Une mode plus responsable, plus personnelle, et plus respectueuse de l’environnement, qui séduit un public de plus en plus large. La friperie, loin d’être une simple mode passagère, semble bel et bien être là pour tous. Ce, au grand dam des vendeurs des vêtements de marque.
Aissata Tindé, stagiaire
Source : Le Sursaut