Plus d’une semaine après l’instauration de nouvelles taxes au Mali, la tension continue de monter entre les contribuables et l’Etat. En plus de la bronca sur les réseaux sociaux, c’est la grogne chez les Associations de défense des droits des consommateurs, à l’image de l’ASCOMA, de l’ALCOM, du REDECOMA qui dénoncent une ’’tromperie sur la marchandise’’. Contrairement aux allégations du gouvernement, les responsables de ces faitières ont le sentiment d’avoir été mis devant le fait accompli.
Après quelques moments d’hésitation, les autorités de la transition ont pris leur courage à deux mains en instaurant le fonds de soutien aux projets d’infrastructures de base et de développement social. Ce fonds est constitué des prélèvements effectués sur les recharges de crédit et les transferts d’argent via les opérateurs de téléphonie mobile.
Malgré les explications données sur l’usage qui sera fait du fonds de soutien, beaucoup de Maliens élèvent de plus en plus la voix pour dénoncer ce qu’ils qualifient ’’d’arnaque’’.
Du côté des associations de consommateurs, c’est aussi la gueule de bois.
Selon l’un des participants à cette rencontre des faitières avec le ministre de l’économie et des finances, des choses ont été modifiées après le 28 janvier 2025.
Moctar DIARRA de l’ALCOM, pense que les taux actuellement appliqués par le gouvernement sont élevés et sont loin de refléter les annonces faites par le ministère de l’Economie et des finances lors de la rencontre sur le sujet.
« C’était une rencontre informelle. On nous a dit que le taux sur les transferts d’argent serait de 0,01% et de 10% sur les recharges. Mais, à notre grande surprise, c’était 1% », a-t-il confié, ajoutant également que la durée initiale était d’une année au lieu des 5 ans annoncés dans l’ordonnance du gouvernement.
Ces propos sont confirmés par Oumar TRAORE du REDECOMA. Selon lui, lors de la rencontre du 28 janvier 2025, les prélèvements étaient inférieurs à 1%. Il ressort de son propos que cette rencontre a enregistré la participation d’une dizaine d’association, en plus de l’AMRTP, du service du budget, et de la présidente par intérim du CNSC.
« Au lieu de moins de 1% comme annoncé, ils ont arrondi à 1%, nous ne le savons, on n’a pas été informé de ça avant l’application », a-t-il déploré.
« Nous allons faire, dans les jours à venir, une déclaration pour expliquer les raisons de notre soutien à cette décision ; mais aussi nos appréhensions après l’application », a-t-il dit.
De son côté, Makan FOFANA nuance un peu les propos de ses prédécesseurs. Pour lui, le taux initialement annoncé sur les recharges et les transferts était de 10% et 1% comme à l’application.
Toutefois, il reconnaît que l’application devait commencer, en ce qui concerne les recharges de crédit, à partir de 1000 F CFA.
« Avec ce taux, on pensait que les pauvres seraient épargnés. Mais à notre grande surprise, on commence à partir de 100 F CFA ».
Alors que les textes sont entrés en vigueur, M. FOFANA pense qu’il ne sert à rien de mettre de l’huile sur le feu.
« La loi est déjà là et s’impose à tous. Nous avons été d’accord avec les principes. Et nous allons continuer à nous battre pour demander plus de transparence dans la gestion », a-t-il justifié.
Ce qui revient fréquemment dans les discussions avec les responsables de ces faitières, c’est qu’il avait été questions de la gestion de la crise énergétique. Aussi, ils jugent la durée de cinq ans trop longue.
« On nous avait dit que c’était une année renouvelable. On avait demandé de faire une évaluation au bout d’un an pour voir si on doit continuer ou non », a confié Makan FOFANA de l’ASCOMA.
Pour Alousséini SANOU, il n’était pas question pour le gouvernement de prendre ces décisions de façon Marshall.
Lors de la conférence de presse qui a suivi la décision du conseil des ministres, à la Primature, le ministre de l’Economie et des finances a été formel sur l’implication de tous les acteurs dans la prise de décision.
« Nous avons rencontré la société civile, nous avons rencontré les associations de consommateurs. Il y avait la présidente du Conseil national de la société civile par intérim, Mme Barry Aminata TOURÉ. Sur les dix associations de défense des droits des consommateurs, trois s’étaient excusées. Donc, on a rencontré les 7 autres associations, dont les plus importantes. Je peux citer : Remacotem, Ascoma, l’Alcom, Redecoma, etc. On les a informés que l’Etat veut demander une contribution à la société civile, aux consommateurs. On a échangé, ils ont trouvé que c’était une bonne chose. Certaines mêmes nous avaient contactés pour dire qu’elles voulaient faire une contribution et nous avaient demandé de trouver la forme.
Au début, on ne voulait pas afficher les numéros de comptes comme ce fut le cas par le passé où on affichait des comptes qu’on faisait défiler en bas de l’écran de la télévision nationale. Nous n’étions pas dans cette dynamique à cette époque. Il fallait d’abord prouver que la transition est imaginative, ingénieuse, capable de pouvoir créer les ressources, d’aller trouver des ressources nécessaires afin d’assurer le financement de tout ce qui était nécessaire.
Ces associations nous ont encouragées, elles nous ont dit qu’elles soutiennent largement le projet et ont souhaité que nous puissions l’utiliser à bon escient. Leur seule remarque était que, de temps en temps, qu’on revienne vers elles pour qu’elles puissent être assurées de la bonne utilisation de ces fonds», avait expliqué le ministre Alouséini SANOU.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source: Info-Matin