Malgré le contexte d’austérité budgétaire, la nouvelle équipe gouvernementale du Dr Boubou Cissé dévoilée, ce dimanche 5 mai 2019, est composée de 38 ministres, dont neuf femmes. Une équipe pléthorique qui relance le débat sur la réelle volonté des autorités maliennes à aller vers des dispositions de réduction du train de l’État comme exigé par les principaux partenaires au Développement dont le FMI et la Banque Mondiale.
Si beaucoup d’opposants peuvent se réjouir de se compter parmi les convives autour du gâteau Mali, les organisations de la société civile et les personnes physiques et morales qui se battent pour la réduction du train de vie de l’État pour des objectifs de développement se sentent déçues dès l’annonce de la liste du gouvernement Boubou Cissé. Et pour cause ? Rarement un gouvernement aura atteint une telle taille au Mali surtout au moment où les caisses de l’État sonnent creux, à cause de la conjoncture économique internationale et des contraintes budgétaires liées à la situation sécuritaire du Mali.
Selon des indiscrétions proches de la Primature, au cours de ses discussions avec les forces politiques, le Premier ministre misait sur une équipe d’environ 25 membres. À la grande surprise générale, c’est une liste de 38 membres qui sera dévoilée aux Maliens, ce dimanche.
« Ce pays n’a aucune chance de paix ou de développement. Comment une nation aussi pauvre comme le Mali peut se donner le luxe des charges d’un gouvernement de 38 membres », s’est défoulé un internaute ? À l’image de lui, beaucoup de Maliens s’interrogent sur la bonne foi des pouvoirs publics sur cette question de l’austérité budgétaire annoncée. Toute chose qui avait d’ailleurs conduit, un moment, le Premier ministre Soumeylou Boubèye à réduire certaines dépenses de l’État. Le contexte a-t-il changé ? Ainsi, en voulant réduire le train de vie l’Etat, SBM avait fait des retenues sur les dépenses en carburants, en produits alimentaires, les achats de véhicules et les billets d’avion. Aussi, dans une lettre confidentielle en date du 4 janvier dernier, le chef du Gouvernement avait invité les membres de son gouvernement, le secrétaire général de la Présidence de la République, le directeur de Cabinet du Premier ministre, les Présidents des institutions de la République, les présidents des autorités administratives indépendantes et les gouverneurs des régions et du District de Bamako à maitriser les dépenses liées à l’achat du carburant, des produits alimentaires, des véhicules et des billets d’avion.
Avec un gouvernement de 38 ministres, peut-on encore parier quant à l’atteinte de ces objectifs du précédent gouvernement ? En tout cas, si les acteurs changent, les motifs qui ont prévalu à cette décision d’austérité demeurent : la conjoncture internationale, la crise sécuritaire avec son corollaire de hausse du budget alloué à ce secteur. Les regards sont désormais tournés vers le PM et son équipement qui doivent tout mettre en œuvre pour ne pas décevoir.
Par Christelle KONE