Suite aux sanctions imposées par les chefs d’État de la CEDEAO le 9 janvier 2022, le Gouvernement de transition a sollicité une trêve sociale auprès des organisations syndicales qui a été tacitement acceptée. Mais depuis quelques moments deux alertes venant des deux plus grandes centrales syndicales du pays, à savoir l’UNTM et la CSTM semblent venir remettre en cause cette trêve qui dure maintenant depuis 5 mois. Alors qu’aucun accord ne semble être encore trouvé avec la CEDEAO, on se demande si le gouvernement de transition a les moyens de faire face à nouveau cette menace venant cette fois de l’intérieur, sans oublier la lutte antiterroriste ?
Alors que les négociations avec la CEDEAO semblent traîner, le gouvernement de transition vient d’avoir deux patates chaudes entre les mains en moins d’une semaine.
La première alerte vient de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) qui hausse le ton contre le gouvernement. Dans une correspondance adressée au Premier ministre de transition, le vendredi 6 mai 2022, la centrale syndicale fustige « le non-respect par le gouvernement de Choguel Kokala MAIGA des promesses tenues aux travailleurs ».
Dans cette lettre, la centrale syndicale regrette également une non-priorisation du règlement des problèmes des compressés et des retraités par anticipation.
Le secrétaire général de l’UNTM déplore les propos du Premier ministre dans lesquels il dit que « les problèmes des compressés et des retraités par anticipation ne sont pas prioritaires pour le Gouvernement ».
Comme si cela ne suffisait pas, c’était au tour de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), d’emboîter le pas à sa consœur de l’UNTM.
Au cours d’une visioconférence organisée par cette centrale dans le cadre de la célébration du 1er mai, le secrétaire général Hammadoun Amion GUINDO a invité l’État à respecter ses engagements pris en 2021 face aux travailleurs.
Cependant, au nom de la CSTM, il a interpellé le gouvernement à tout mettre en œuvre pour éviter aux travailleurs et à la population de sombrer sous le poids de la cherté de la vie, toute chose qui pourrait être une source de tension sociale.
Dans son intervention, il a rappelé au Gouvernement et au Patronat les accords signés en septembre 2021 pour lesquels des Commissions de suivi ont été mises en place. « Il est impérieux, voire indispensable, qu’ensemble nous respections nos engagements », a-t-il dit.
Selon M. GUINDO, l’existence de ces acquis ne doit aucunement occulter les nombreux défis restants à relever. Le leader syndical a cité entre autres : le pouvoir d`achat ; l’insécurité ; la sauvegarde et la promotion de l`emploi ; la protection des droits et libertés.
Un autre cas non moins préoccupant pour les autorités, les antennes de l’Association des écoles privées agréées du Mali (AEPAM) des régions de Sikasso et de Bougouni ont entamé, ce lundi 9, une grève de 72 heures. Motif évoqué : le non-paiement de leur arriéré de 2020-2021 évalué à plus de 2 milliards de FCFA.
Au regard de ce qui précède et dans la perspective d’un front social en ébullition, le Gouvernement de transition aura-t-il d’autres choix que de négocier et d’arracher un compromis avec la CEDEAO ?
Pour ce faire, il appartient aux deux parties de faire un compromis dynamique à travers des concessions de part et d’autre.
Et le scénario le plus probable est que chaque partie puisse faire une concession de 4 mois, qui verra le Mali passer de 24 à 20 mois et la CEDEAO de 16 à 20 mois.
Même en cas de compromis avec la CEDEAO, cela peut-il permettre au gouvernement de faire face aux exigences du front ?
En tout état de cause, la levée des sanctions de l’organisation sous régionale peut visiblement permettre aux autorités de la transition de négocier une nouvelle trêve, le temps de permettre à l’Etat de recouvrer les droits perdus pendant la période des sanctions.
Toute chose qui peut permettre à l’économie nationale de prendre un nouveau départ en vue de permettre à l’État de faire face à ses obligations sur le front social.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin