Au lieu de reconnaitre ses nombreuses erreurs et fautes de gestion, l’ancien président déchu par le coup d’État militaire de 2012, Amadou Toumani TOURE, tente de se justifier en tronquant les faits et l’histoire de notre pays. Comme les autres anciens présidents, ATT ne pouvait-il pas nous épargner de ses années de gestion controversée à la tête du Mali ?
Chassé du pouvoir en 2012, par la bande dirigée par Amadou Aya SANOGO, à travers un coup d’État militaire qui se solde par sa démission avant même la fin de son mandat, l’ancien président ATT n’a pas alors eu le temps de faire son bilan de 9 ans de gestion du Mali. Mais à la faveur de l’émission sur ORTM sur les 60 ans d’indépendance du Mali, Amadou Toumani TOURE détourne l’initiative de nos confrères de la télévision nationale pour faire son one-man-show. Il tente ainsi de se rattraper en faisant ce qu’il n’a eu le temps de faire, le bilan de sa gestion du pays comme quand il était au pouvoir.
Avec ironie souvent, il vide son sac, en répondant à des faits et à des critiques dont il a été accusé sans aucune retenue. Ainsi, très fièrement, il revendique avoir apporté des solutions à de problèmes des Maliens. Pendant son règne, il a affirmé avoir réalisé des centaines de kilomètres de routes ; construit des adductions d’eau, à travers le pays. En 9 ans, il se vante également d’avoir construit des hôpitaux pour le pays et le 3e pont. Les nombreuses campagnes de constriction et d’attribution des logements sociaux et l’adoption de l’Assurance maladie obligatoire font aussi partie des résultats dont il se dit si fier. Des bons points certes, mais sa gestion a été de loin un long fleuve tranquille. Elle a été également émaillée de fautes et des erreurs graves et gravissimes, que le président a voulu taire volontiers.
S’il assume son actif, il devait être capable d’assumer ce passif. En effet, l’ancien président devrait avoir le courage de dire pourquoi il a échoué ou du moins pourquoi il a été chassé par les militaires de Kati ? En tout cas, pendant son règne, le pays a atteint un niveau alarmant de corruption. Les différents rapports du bureau du vérificateur général sous le règne d’ATT en disent long sur l’ampleur de ce phénomène dans notre pays. Pire, aucun de ces rapports n’a connu une suite judiciaire. Ce qui dénote en plus le règne d’une impunité sans précédente. Au lieu de lutter contre la pratique, il l’a encouragé en revanche affirmant que c’est difficile d’emprisonner des responsables de famille, en les accusant de corruption, de vol du denier public. La mauvaise distribution de la justice entre les citoyens, la quête du gain facile, la promotion du clientélisme au détriment du mérite sont autant de faits palpables reprochés à ATT.
Son serment de garantir l’intégrité territoriale du pays n’a guère été respecté. Donc, le bilan d’ATT ne devrait se faire à partir seulement des seules routes et d’autres infrastructures construites en mettant de côté l’essentiel qu’est la sécurité et l’intégrité territoriale.
Sur ce registre, on se rappelle encore du drame d’Aguelhok en janvier 2012 où au moins 95 militaires maliens ont été tués sans compter les dégâts matériels. Face à la détérioration du climat sécuritaire, ATT ne doit pas parler la conscience tranquille parce qu’il a été celui qui a ouvert le corridor aux terroristes pour s’installer impunément sur une partie du territoire national.
Par Sikou BAH
Source : INFO-MATIN