La communication de notre Grand partenaire autour de ses actions dans le cadre de la traque des chefs Jihadistes suscitent beaucoup d’interrogations au sein de la population malienne de plus en plus en nombreuse à demander son départ en raison de la situation sécuritaire très dégradée malgré la présence de sa force anti-terroriste dans le pays. Mauvais casting ou tout simplement une stratégie de communication démagogique pour mettre la poudre aux yeux des populations maliennes ? La question a son pesant d’or.
En tout cas, l’annonce de la mort du marocain Abou Abderahman al Maghrebi, alias Ali Maychou, considéré comme le leader religieux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), par la ministre française des Armées, Florence PARLY, en début de ce mois de novembre a du mal à passer dans l’opinion publique malienne. Revenant d’une tournée dans le Sahel, au cours de laquelle elle a fait différentes annonces, dont celle selon laquelle le jihadiste a été tué « dans la nuit du 8 au 9 octobre » sur le sol malien en coordination avec les forces maliennes et un soutien américain.
Cette information sonne comme un effet d’annonce ou tout simplement une nouvelle tentative de justifier la présence française au Mali à travers son opération qui semble s’ensabler.
Au Mali, on est fondé à croire que notre Grand ami est passé maître dans l’art de la manipulation de l’opinion chaque fois que son image est écorchée au Mali avec des annonces fracassantes de la mort de Chefs Jihadistes généralement suivies de démenti cinglant de la part d’autres sources.
Pour preuve, on se rappelle de l’annonce de la mort, en novembre 2018, du prédicateur Amadou KOUFFA, chef de la katiba Macina par l’opération Barkhane.
Une information qui avait été confirmée en grande pompe par le gouvernement du Mali à travers un communiqué de la Primature ainsi que Mme Florence PARLY, la ministre française des Armées.
Contre toute attente, en février 2019, la chaîne de télévision France24, dans un document vidéo dit ‘’exclusif’’ avait démenti cette information. France 24 a obtenu une vidéo d’une durée de 19 minutes 23 secondes dans laquelle le chef jihadiste Peul, Amadou KOUFFA, dément sa propre mort face à deux personnes qui le questionnent en arabe et en anglais. Le chef de la composante Peul du groupe jihadiste JNIM, dépendant d’AQMI et d’al-Qaeda centrale, avait été annoncé mort par les autorités françaises et maliennes en novembre 2018. Sa mort avait été démentie au préalable par certaines sources locales, comme par le commandement d’AQMI.
Pis, les Etats-Unis viennent de placer sur leur liste noire Amadou KOUFFA accusé d’avoir mené des attaques dans le centre du pays. Selon le département d’Etat, le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans est responsable de la mort de plus de 500 civils depuis deux ans.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’annonce de la mort du chef Jihadiste marocain a été faite au moment où la France annonce également une nouvelle Opération de ratissage au Mali appelée ‘’Katuba’’. Une opération rejetée d’office par une large majorité de l’opinion publique au Mali où des voix réclamant le départ de forces extérieures se font de plus en plus entendre à Bamako et dans d’autres localités du pays.
Comme en témoigne les deux manifestations qui ont lieu vendredi dernier, dans la capitale et à Kati, mais pour un seul objectif : soutenir les FAMa et réclamer le retrait des forces dites partenaires.
Par Abdoulaye OUATTARA