La correspondance de l’Union des Travailleurs du Mali (UNTM), signée le 6 mai 2022 par son Secrétaire Général, Yacouba Katilé, et dont l’objet est intitulé ‘’Votre jugement sur les droits des compressés et des retraités par anticipation’’, est un signal fort lancé au Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, en cette période où la majeure partie du peuple lui demande de sortir des discours pour passer au concret.
Ainsi dans ladite correspondance adressée du chef du Gouvernement, l’on note des passages qui sortent de l’ordinaire et visent à monter la pression sur Choguel Kokalla Maïga, après son passage devant le CNT le 21 avril 2022. Il s’agit de : « La ligne rouge est la tentative de prolifération du négationnisme de la Révolution démocratique du 26 mars 1991 » ; « Le syndicalisme peut entrer dans le jeu politique national. Toutes les Conventions et Résolutions le consacrent. Donc faites attention ! Il ne faut pas que cela se répète », …
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les mensonges de Choguel Kokalla Maïga le rattrapent petit-à-petit. Pour rappel, il avait annoncé depuis novembre 2021 que l’argent des compressés et des retraités par anticipation était disponible à la banque tout en demandant aux intéressés d’ouvrir chacun un compte bancaire pour le virement de leurs droits respectifs avant la fête de Tabaski de la même année. Bientôt un an, les personnes concernées sont toujours dans l’attente. Au même moment, Choguel passe à autre chose.
Aujourd’hui, le Premier ministre doit s’arrêter pour regarder derrière lui et s’interroger lui-même sur les fruits de ses déclarations politiques qui ne visaient qu’à mobiliser le peuple à soutenir sa personne. Donc, il est temps pour lui, d’assumer ses discours laconiques dépourvus de toute vérité, mais marinés des promesses juste pour se faire flatté dans le mensonge.
Autre tromperie qui lui a réussie pour pouvoir poser ses valises à la Primature, c’est bien la promesse qu’il a faite à ses camarades du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) et à tout le peuple malien de faire toute la lumière sur les tueries lors des manifestations des 10, 11 et 12 juillet 2020, dont le bilan fait état d’au moins treize morts.
La vérité, c’est que Choguel peut tout dire, tout faire, tout promettre en sa qualité de Premier ministre et décider après de tout ignorer ou de tout nier de façon volontaire, mais il ne peut fouler au pied les intérêts des travailleurs, au risque de plier lui aussi ses valides. C’est pourquoi la correspondance de l’Union des Travailleurs du Mali (UNTM) doit lui servir de leçon et d’avertissement à la fois, en l’amenant surtout à revisiter l’histoire de ladite centrale syndicale.
Ce qui est certain, c’est qu’il a bien suivi le dernier bras de fer avec le Gouvernement Moctar Ouane, son prédécesseur. Donc, il a intérêt à se ressaisir, à mettre la balle à terre, à mettre de côté son arrogance pour agir vite, surtout quand on sait que l’UNTM est catégorique et exige que cette question des droits des compressés et des retraités par anticipation soit résolue dans les meilleurs délais.
Dans la correspondance, le Secrétaire général de l’UNTM tient à préciser au Premier ministre que « les droits des victimes des programmes d’ajustement structurel ne sauraient être gérés à l’aune de la trêve, mais qu’il fallait les apurer pour adoucir l’extraordinaire dénuement où les intéressés se trouvent ». Justement, il faut reconnaître que l’UNTM a accepté de faire une trêve sur ses revendications vu la situation actuelle du pays, mais juridiquement rien ne l’empêche de reprendre ou de déterrer sa hache de guerre. Donc, c’est dire que tout est encore possible, aussi bien que des arrêts de travail, si jamais Choguel s’endette à persister dans son mensonge concernant les droits des travailleurs et des retraités.
Ousmane BALLO
Source : Ziré