Pendant 60 ans, ce pays sera passé par plusieurs chemins, parfois catastrophiques. De la première République dirigée par un régime socialiste, à la deuxième dominée par un régime militaire, puis à la troisième République qui a vu la naissance d’un régime démocratique, le Mali est toujours en quête de vrais citoyens ou patriotes capables d’instaurer un Etat fort, pouvant amorcer un vrai développement économique.
Au regard de l’histoire du pays, l’on s’interroge si les dirigeants ne sont pas tout simplement en déphasage avec leur peuple. Sur les cinq présidents qu’a connu le Mali, quatre ont été renversés par les militaires. Malheureusement, aucune de ces ruptures n’a pu préserver le pays du clientélisme politique, de la gestion clanique et souvent familiale des affaires de l’Etat. Toute chose qui a fini par instaurer l’anarchie, la corruption, le favoritisme et le népotisme comme une seconde culture du Malien.
Ainsi, les chantiers bâtis et le système en place sont devenus indésirables et les défis immenses. Le système éducatif, devenu caduc, continue de fabriquer des chômeurs et des vagabonds. L’autorité de l’Etat, bafouillée et ôtée de toutes valeurs, peine à convaincre, à protéger et à répondre aux aspirations réelles de son peuple. La preuve : plus d’un tiers du territoire est aujourd’hui sous le contrôle des rebelles et des groupes armés terroristes.
Au même moment, ces dirigeants supposés démocrates sont toujours abonnés aux fausses promesses, à la corruption, au vol, au refus de reconnaître les défis, les dangers, pour faire croire que tout va bien. Aujourd’hui, il est grand temps pour le Mali de travailler à une vraie indépendance politique, économique et culturelle pour mettre le pays sur une voie sûre, celle du développement harmonieux et durable. Pour ce faire, il faut un vrai Etat puissant et doté d’institutions fortes à la hauteur des réalités de l’heure.
Mais 60 ans après, qu’en est-il avec la citoyenneté, le civisme, nos valeurs fondamentales ancestrales ? Ces principes doivent toujours prévaloir dans l’instauration de ce Mali nouveau que chacun de nous réclame aujourd’hui. Que chacun soit redevable vis-à-vis de lui-même. Ce qui est actuellement évident, c’est que le problème du Mali n’est plus seulement une affaire des dirigeants, mais aussi un problème de citoyen. Pour ce faire, nous devons aimer notre pays, le Mali. Si chaque Malien arrive à aimer le Mali, à travailler pour le Mali et à être redevable vis-à-vis de lui-même, il n’y a aucune raison que ce beau pays ne redevienne pas celui de nos rêves : un pays prospère, économiquement et militairement puissant.
Pour en arriver là, les autorités doivent aller à une vraie politique d’implication de tous les vrais acteurs. Aussi, le militaire, l’acteur politique et celui de la société civil (leader religieux et traditionnel) que chacun s’assume pleinement de son côté et de manière responsable. C’est ainsi que l’on construira ce nouveau Mali qui sera enviable. Il n’y a pas un autre miracle.
Ousmane BALLO
Source : Ziré